Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/207

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Heureusement, et contre toute prévision, ils se tinrent immobiles en ordre de marche, prêts à nous suivre, pendant que quelques-uns d’entre eux cherchaient un gué plus haut, et d’autres plus bas, pour aller mettre à notre approche le feu dans la plaine. Ils sont très habiles, comme nous ne le savions déjà que trop, dans cette manœuvre, qui chez eux constitue même un art, avec ses règles basées sur la connaissance des vents et des localités, art diabolique d’ailleurs quand il est employé comme arme de guerre.

Nous les provoquions cependant, et de temps en temps quelqu’un de nos obus allait tomber au milieu d’eux. Il est difficile de comprendre pourquoi ils s’étaient défaits de l’artillerie avec laquelle ils auraient pu répondre à la nôtre, ce qu’ils ne faisaient plus que par des cris et des huées.

Nous avions gagné pourtant l’autre bord de la rivière, et là, à peine arrivés, nous eûmes à prendre nos dispositions contre l’incendie qui nous y avait précédés et s’avançait déjà sur nous. Notre gauche s’appuya au bois de bordure de la rivière, où heureusement les arbres