Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/21

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« retraite » réveille dans toutes les mémoires le souvenir de l’œuvre immortelle de Xénophon ; mais peut-être bon nombre de nos lecteurs n’ont-ils gardé qu’un souvenir confus de ce merveilleux récit. Nous étions un peu dans ce cas, et, craignant d’être trompé par nos souvenirs classiques, si lointains, hélas ! nous avons voulu, avant d’exprimer notre première impression, relire posément cette fameuse Retraite des Dix-Mille. Maintenant, comparaison faite, c’est avec une entière assurance que, sous le double rapport de l’intérêt du récit et de l’héroïsme des troupes, nous déclarons la retraite de Laguna supérieure à celle qui fut conduite et racontée par Xénophon.

Ces dix mille Grecs, parfaitement équipés, toujours largement approvisionnés, n’ont trouvé devant eux que des peuplades incapables de supporter un choc, laissant d’ordinaire le passage libre, après un combat peu meurtrier, et abandonnant aux vainqueurs un butin qui les maintint dans l’aisance pendant toute leur marche militaire à travers l’Asie : les esclaves et les courtisanes même ne leur manquèrent jamais ; sauf quelques jours de gelée, ils n’eurent