Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terme de nos misères, lorsqu’une autre nouvelle, plus terrible que tout le reste, vint aggraver notre situation au delà de nos prévisions les plus tristes : le bruit circula tout à coup dans le camp que nous avions parmi nous le choléra.

Les docteurs Quintana et Gesteira en avaient révélé l’apparition au commandant, il y avait quelque temps déjà ; et, depuis, un Indien Téréna, reçu à l’infirmerie de Bella Vista, était mort dans l’espace d’un jour. On avait voulu croire d’abord que c’était seulement un cas sporadique, et le fait avait été tenu secret, car on ne pouvait rien, tout manquant pour les précautions à prendre. Quelques feux, les plus grands possibles, avaient été allumés à chaque halte ; les soldats avaient supposé que c’était seulement un moyen de purifier l’air des marécages ; le silence était en réalité le meilleur préservatif contre la propagation du mal. Mais, le 18, le voile du mystère se déchira : trois hommes furent atteints de l’épidémie avec les symptômes les plus graves, et dès lors nos deux médecins, qui avaient assisté à la première invasion du choléra à Rio Janeiro, ju-