Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/236

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avait débattue en lui-même pendant les jours précédents comme dernier recours, et dont l’idée sans doute était présente à tous les esprits comme au sien, sans que personne cependant osât l’exprimer.

Après avoir exposé en peu de mots l’état des choses, l’urgence d’une marche en avant sans laquelle tout le monde était perdu, l’impossibilité maintenant bien constatée, reconnue par tous, de porter plus loin les malades, il déclara aux commandants que, sous sa propre responsabilité, et selon la rigueur de ce qu’il regardait comme un devoir pour lui, les cholériques, à l’exception des convalescents, allaient être abandonnés à cette halte même !

Aucune voix ne s’éleva contre cette résolution dont il prenait généreusement toute la responsabilité ; un long silence accueillit l’ordre et le consacra.

Les médecins furent pourtant invités par le colonel à présenter les observations que pouvait leur inspirer le devoir de leur profession.

Le docteur Gesteira, après quelque réflexion, dit qu’il ne pouvait se permettre ni approbation ni improbation ; que son serment de médecin,