Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/243

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que la situation rendait admirable. « Et moi aussi, dit-il, je meurs : il n’en pouvait pas être autrement ; mais j’ai sauvé l’expédition, vous le savez ; vous le direz. »

Quand la marche fut reprise, il n’essaya même pas de monter à cheval ; on le porta sur un caisson où il fut établi à côté du lieutenant Sylvio, déjà agonisant : deux cadavres, l’un près de l’autre. L’impassibilité du colonel était complète ; ses mains étaient croisées sur la poitrine, son chapeau rabattu sur les yeux, pour se soustraire aux rayons du soleil éblouissant qui illuminait cette triste scène. Juvencio se plaignant de son côté de cette clarté trop vive, nous courûmes au milieu de notre monde chercher un parasol que nous apercevions ouvert : nous ne pûmes retenir un cri de douleur en reconnaissant sous cet abri l’un des plus aimables jeunes gens du corps d’armée, le sous-lieutenant Miro, qui expirait dans des souffrances horribles. Nous l’avions vu le matin dispos et vaillant ; posé à présent sur son cheval, il ne se soutenait qu’à peine entre les bras d’un compatriote, d’un ami, le capitaine Deslandes, qui allait bientôt le confier à la terre.

Le point de la halte avait été déterminé :