Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/287

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dans le cas même d’un sauve-qui-peut général, n’aurait-il pas dû se tenir en observation dans le voisinage, où tant d’accidents d’un terrain boisé pouvaient lui servir d’abri, et y attendre notre arrivée ? Il aurait ainsi écarté de lui la responsabilité non seulement d’une perte énorme de matériel, mais du nouveau sacrifice de victimes humaines que nous a coûté un abandon si funeste. La résolution lui a manqué ; il a disparu, laissant attaché à son nom le souvenir d’une désertion devant l’ennemi.

Cette infidélité fut d’autant plus sensible et d’autant plus remarquée, que les autres dispositions du colonel Camisão, dans la même dépêche, avaient été observées avec plus d’exactitude. Les provisions de guerre et de bouche, les archives, l’argent de la caisse militaire, nous attendaient aux Morros, où le colonel Lima è Silva les avait fait transporter, pendant que lui-même s’étant arrêté, selon l’esprit de ses instructions, à mi-chemin, sur les bords de l’Aquidauana, veillait à faire évacuer d’avance tout ce qui pouvait nous précéder, malades, femmes, enfants, soldats isolés ou invalides ; il avait soin d’ordonner d’ailleurs aux conducteurs des cha-