Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/298

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Ce fut la dernière étape de notre pénible retraite. Là se termina le douloureux itinéraire qui, en expiation de notre témérité, nous avait fait passer par autant de misères que l’homme en peut subir sans y succomber. Là nous dépouillâmes enfin les misérables haillons qui nous couvraient, nous délivrant en même temps de la plus affreuse vermine et de ces insectes des pâturages qui pénètrent dans la peau et y produisent des ulcères cuisants. La rivière nous offrait de magnifiques bains pour nos ablutions : on peut nommer tous ces lieux la contrée aux belles eaux.

Un ordre du jour de notre vaillant chef, José Thomas Gonçalvès, parut le 12 juin, résumant en peu de mots les événements de cette terrible campagne de trente-cinq jours :

« Votre retraite a eu lieu en bon ordre dans les circonstances les plus difficiles : sans cavalerie, contre un ennemi audacieux qui en avait une formidable ; dans des plaines où l’incendie des hautes herbes, perpétuellement allumé, menaçait de vous dévorer et vous disputait l’air respirable ; exténués par la faim, décimés par le choléra qui enlevait en deux