Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/37

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autant et plus qu’aucune autre, mais parce que ceux qui l’exécutent n’ayant plus ni enthousiasme ni espérances, livrés souvent au regret, au repentir d’une faute ou d’une suite de fautes, ont à tirer de leur esprit ainsi préoccupé les moyens de tenir tête à la fortune, qui les menace à tous moments de ses rigueurs. Il faut pour de telles extrémités le véritable homme de guerre ; là est son cachet : la constance inébranlable.

La retraite des Dix-Mille est dans toutes les mémoires ; elle a placé Xénophon au rang des premiers capitaines. Il y en a de non moins belles dans les temps modernes : celle d’Altenheim, par le maréchal de Lorge, après la mort de Turenne, son oncle, qui a fait dire au grand Condé qu’il la lui enviait ; celle de Prague, à laquelle le nom du comte de Belle-Isle doit son éclat ; celle de Plaffenhofen, par Moreau, tenue pour l’un des plus beaux faits d’armes accomplis depuis Turenne ; celle de Talavera, qui conduisit lord Wellington en triomphateur à Lisbonne ; celle qui honora le funeste retour de Moscou, et où le prince Eugène et le maréchal Ney rivalisèrent d’héroïsme ; celle de Constantine, par le maréchal Clausel, et d’autres moins