Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/66

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cation facultative, mais un ordre d’aller en avant, formel et péremptoire. On avait beau lui faire des observations à ce sujet ; aveuglé par sa susceptibilité maladive, il prenait mal ce qu’on lui objectait de moins contestable.

Un mot fâcheux qui avait été dit sur son compte, et qui venait de lui être imprudemment répété, contribuait encore à le rendre inflexible et sourd à tout ce qui paraissait le détourner de son projet d’invasion. Ce n’était pas qu’il n’en sentît les difficultés ; mais il voyait nos soldats pleins d’enthousiasme et déjà aguerris ; il se flattait de faire avec eux de grandes choses, il les rompait aux manœuvres par de fréquents exercices ; il leur faisait livrer sous son commandement des simulacres de combat où l’artillerie jouait son rôle bruyant, et de cette agitation de tous résultait un entrain qu’il partageait lui-même ; quelquefois aussi, cependant, il s’apercevait bien qu’il n’avait sous la main qu’une avant-garde d’armée d’opération ; il était obligé de le reconnaître. Ses doutes se reproduisaient alors, et quand arrivait le jour fixé par lui-même pour le départ, il trouvait toujours quelque motif d’ajournement, dût-il invoquer les raisons qu’il