Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/99

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guéens, fit une décharge sur eux, mais presque hors de portée. Un de leurs cavaliers fut blessé, on le vit tomber ; un de ses compagnons le prit en croupe, tandis qu’un troisième laçait le cheval libre qui s’enfuyait ; à cette vue, à cette première scène de guerre, nos hommes allaient se jeter à l’eau pour suivre l’ennemi, quand un coup de clairon du quartier général les arrêta ; toute la colonne se trouva bientôt groupée derrière eux. En même temps, les ingénieurs rétablissaient le pont : une heure y suffit. Le passage s’effectua, et la marche reprit sur l’autre rive.

Gravissant de petits plateaux qui séparent les dépressions parallèles dont la plaine est sillonnée, nous avançâmes jusqu’au pied d’une colline qui domine tout le pays d’alentour. Notre avant-garde avait trouvé cette position occupée par un gros poste de cavaliers ; elle s’arrêta, tous nos corps détachés en firent autant l’un après l’autre. Les Paraguéens nous examinaient, rien ne s’interposait entre eux et nous ; ils pouvaient nous compter. Ce nous fut un grand désavantage. Jusque-là ils avaient pensé, d’après ce que nous disaient nos réfugiés, que la colonne brésilienne se composait au moins de six mille