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Page:La Revue Indépendante, tome 14 - janvier à mars 1890.djvu/13

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florentine

cerclée d’une loque noire, graisseuses comme des sardines à l’huile. Des bourricos attendent, changeant de pied ; et les outres, dont ils sont chargés, laissent suinter de minces filets d’eau qui filtrent entre les pierres et dégringolent sur la route.

Quelques maisons encore, avec des chiens qui aboient sur la crête des murs et des Arabes assis en tailleurs devant leurs portes. Puis, un énorme tas d’immondices, cône bigarré que gravit à quatre pattes une bande d’enfants tout nus et qui envahit un cimetière au sol boursouflé, saupoudré de cailloux blancs. Là-bas, à droite d’un bois d’oliviers bleus, le camp fait éclater le blanc de ses marabouts et l’on aperçoit, après le bordj coiffé de tuiles rouges du commandant et les grandes tentes de l’Administration, à demi cachées par un bouquet d’arbres, les baraques en planches des mercantis.


— Si nous allions faire la cuisine chez le père Sourcilleux ? demande le gendarme qui est venu nous rejoindre après que nous avons été verser notre chargement à l’Administration.

Nous avons justement dételé et attaché les chevaux aux roues de la prolonge et nous finissons de monter la tente – une bâche tendue sur les carabines en guise de supports.

— Allons-y.

Deux minutes après nous entrons dans la cambuse du mercanti avec nos vivres. Le père Sourcilleux, qui fume sa pipe dans un coin, se lève et vient à notre rencontre.