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Page:La Revue Indépendante, tome 14 - janvier à mars 1890.djvu/8

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revue indépendante

Parbleu ! J’attrape la gourde le premier.

— À la vôtre ! Et je la passe à Vendredeuil qui l’attend avec impatience.

— À la vôtre !

Puis, c’est le tour du gendarme.

— À la nôtre !… C’est de la fameuse, hein ? Du vrai Pernod. Un cadeau qu’on m’a fait.

— Une dame ? demande Vendredeuil en riant.

— Ça se pourrait, répond le brigadier en frisant sa moustache ; mais ce n’est pas une dame. C’est Baluffe. Ce matin…

Je l’interromps.

— Alors, c’est chez Baluffe que vous aviez affaire, lorsque vous nous avez quitté derrière la Kasbah ? Ça ne m’étonne pas que vous ne nous rattrapiez qu’au bout de trois heures. Mes compliments…

— Eh ! eh ! s’écrie Vendredeuil, il fait meilleur chez ces dames que dans la plaine… surtout depuis que Baluffe a requinqué sa boîte… Seulement, c’est dommage qu’il n’ait pas fait retaper ses grenouilles en même temps.

— Sacrés blagueurs, dit le gendarme, si vous me laissiez parler un peu ?… Et d’abord, les grenouilles, ça va arriver. Tout remis à neuf, retapé et complété avant la fin de la semaine,

— Bah ! fait Vendredeuil, très étonné.

— Comme je vous le dis. Après-demain, Baluffe va aller en chercher quatre à Souk-el-Kleta.

— Des Françaises ?

— Non. Des Maltaises… Ah ! les Françaises, c’est plus dur… ou alors, il faut prendre les vieux veaux