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Conséquences
du Travail féminin
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Nous avons montré, dans une précédente étude, que l’extension et le perfectionnement du machinisme, stimulés par la concurrence intérieure et extérieure des producteurs, avaient accentué l’emploi de la main-d’œuvre féminine et infantile concurremment à la main d’œuvre masculine.

Le bas prix des femmes et des enfants, facilité par l’armée (croissante) de réserve, encourage donc le capital à rejeter de plus en plus l’homme de l’usine et de l’atelier.

Il nous reste à montrer les conséquences individuelles et sociales de ce phénomène. On pourra comprendre, alors, une foule de faits en apparence bizarres ou « immoraux » et qui demeurent souvent inexplicables sans la connaissance des causes que nous mettons en lumière.

On sait que la proportion des malades a augmenté malgré les progrès de l’hygiène et les « conquêtes de la science ». En ce qui concerne les femmes, la progression peut s’expliquer, en partie, par son travail industriel qui la met en contact avec une foule de matières toxiques, par inhalation, par frottement, par transpiration, etc. Voici des preuves nombreuses de ces intoxications :

Empoisonnements professionnels. — La femme comme l’homme subit les atteintes lentes ou rapides des matières toxiques employées dans l’industrie.

Parmi ces matières, le plomb est une de celles qui fait le plus de ravages. L’intoxication saturnine se produit chez :

Les blanchisseuses. — Par la production de poussières ou de crasses (céruse, minium, mine orange), se détachant de linges souillés (indépendamment de la phtisie qui sévit durement dans cette profession pénible).

Les couturières. — Par l’emploi de fils dits chargés, manipulation d’étoiles, gazes, tarlatanes, chargées au plomb (acétate et sulfure de plomb. Litharge).

Les dentellières ; blanchisseuses de dentelles. — Par le saupoudrage au blanc de plomb et battage des fleurs dites en application (céruse).

  1. Voir La revue blanche du 15 février, ainsi que les analyses, critiques et réflexions publiées à ce sujet par le Petit Sou (7 mars), la République sociale (9 mar<), la Fronde (6 mars et 13 mars), les Temps nouveaux (mars et avril), Le Petit Parisien (mars) ; Union des dames de la Poste (15 juillet) etc., etc.