Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/282

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En 1901 il était de 49. Les premiers avaient 12 mètres de quille et 18 tonneaux de jauge. Les derniers ont 39 mètres de longueur, 200 tonneaux de jauge et 400 tonneaux de machine. Ces navires, au cœur de l’hiver, font le tour des Îles britanniques entre deux escales, lorsque la recherche du poisson les y conduit. Cinq de ces vapeurs, les plus grands, pêchent tantôt, au chalut, tantôt aux filets dérivants ; dix-sept ne pratiquent que le chalut, et les vingt sept autres les cordes. Parallèlement à ce développement de la pêche à vapeur, ces dernières années ont vu décroître le nombre des chalutiers à voiles ; depuis sept ans leur nombre a diminué de 25, soit de 16 % et aucun n’a été mis en chantiers depuis deux ans ; ceux qui existent encore revenant à environ 25 000 francs, ne trouvent pas, en parfait état, preneurs à 5 000 francs lorsqu’ils sont mis en vente.

À Dieppe en 1900 on comptait une quinzaine de vapeurs ; 6 à Calais, 4 au Havre, 2 au Tréport, 1 à Trouville, 1 à Granville, 1 à Brest.

Le commandant M… à qui nous empruntons ces documents écrivait naguère dans l’Économiste Français :

Devant la « marée » montante des vapeurs, la « marée » des voiliers, chassée des régions voisines refluera dans leurs ports vides, et ne trouvera plus d’écoulement que sur les grands centres, déjà abondamment approvisionnés par le trop-plein des vapeurs. Sont-ce là des hypothèses ? Voyons quelques faits.

Trouville, par exemple, donnait, il y a cinq ans à peine, les signes de la plus grande prospérité. Dans aucun autre port de la France, comme l’a montré M. Canu, le rendement pécuniaire, n’était aussi élevé par rapport au tonnage des bateaux et, à la force des.équipages. Quatre ans après cependant, en 1899, les produits de pêche avaient diminué d’un tiers, un sixième des équipages avaient abandonné le métier de la mer et le recrutement des inscrits maritimes devenait de plus en plus difficile par suite de la chute des gains.

Au Tréport, depuis dix ans, le nombre des bateaux armés pour la pêche est tombé de 99 à 75, c’est-à-dire d’un quart ; les équipages ont diminué dans une proportion plus forte encore et sur sa belle flottille de 22 grands côtres aux voiles blanches, combien de ses marins ont l’angoisse au cœur ! À Calais, depuis dix ans, neuf chalutiers à voiles et quinze barques ont disparu, soit un quart de la flottille. À Gravelines qui vient en une année de perdre douze bateaux, la pêche côtière avait diminué de 24 unités depuis six ans les équipages de 220 hommes, c’est-à-dire d’un quart. À Dunkerque, depuis dix ans, le nombre des côtiers a diminué de 41 p. 100. Les grandes pêches heureusement, généralement prospères dans la même période, ont procuré de nouveaux embarquements à la plupart des marins de Gravelines et de Dunkerque en Islande, de Fécamp à Terre-Neuve. Mais ces trois ports