Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/287

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Cette appellation, la Commune, désigne, comme une unité, une assemblée, en même temps gouvernement, coupée en deux groupes, de vues et de tendances distinctes et ennemis entre eux.

La majorité de la Commune, qui a exercé le pouvoir, qui est responsable des violences, et des actes désespérés de la fin, était composée de purs révolutionnaires, divisés eux-mêmes en deux fractions : les jacobins, dont le plus marquant était Delescluze, et les blanquistes, sans Blanqui ; la minorité était formée par les socialistes, accusés de modérantisme et traités de Girondins par ceux de la majorité.

Les révolutionnaires de la majorité étaient des hommes violents, exaspérés par l’existence d’une Assemblée nationale à Versailles, composée surtout de monarchistes, craignant en conséquence le retour de la monarchie, la domination cléricale, la fin de la république et qui, pour écarter ces calamités, cherchaient, par tous les moyens, à extirper les lois, les institutions, les traditions du passé sur lesquelles ils croyaient que le mouvement de réaction pût s’appuyer. Ils étaient pris par la fièvre révolutionnaire, à l’état aigu, telle qu’on l’a vue plus ou moins se produire en France, après chaque révolution. Leur programme était tout entier de renversement, ils ne pouvaient rien créer et leur action a été nulle, au point de vue d’institutions nouvelles à établir.

Les socialistes de la minorité comprenaient les meilleurs éléments de la Commune ; parmi eux se trouvaient des ouvriers, des travailleurs au sens socialiste, ambitieux de réaliser ces réformes depuis longtemps annoncées, comme devant changer le sort de leur classe et inaugurer de nouvelles relations entre le capital et le travail. Sincères dans leurs convictions, ils étaient les disciples de ces réformateurs ou chefs d’école, qui sont apparus dans ce siècle et ont préconisé des systèmes divers de rénovation et de transformation sociales.

Les ouvriers au sein de la Commune, s’étaient formés en une commission appelée du Travail et de l’Échange et ils se sont efforcés de réaliser des réformes sociales. Ils ont fait rendre par la Commune un certain nombre de décrets, sur des questions intéressant les classes travailleuses. Ils ont ainsi voulu abolir les Monts de Piété, interdire le travail de nuit des boulangers, ils ont créé une Commission d’étude, pour rechercher les moyens de faire fonctionner directement par les ouvriers les ateliers abandonnés, etc., mais toutes les mesures qu’ils ont recommandées ou fait adopter, bonnes ou mauvaises en elles-mêmes, ont été d’ordre secondaire et de même nature que celles que tous les gouvernements, dans tous les pays, prennent chaque jour. Aucune n’a touché, en quoi que ce soit, à la solution rêvée du problème social, n’a introduit de changement dans les rapports du capital et du travail, n’a montré qu’un refonte de la condition humaine, au sens des socialistes fut possible.