Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/369

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été pris dans les casernes, et sont morts bravement. Il n’y avait presque plus de prêtres rue Haxo, c’est surtout à eux qu’on en voulait, aux sergents de ville et aux mouchards. Le peuple, la masse, ne comprenait pas bien le sens du mot otage et traduisait naïvement : curé, agent.

— Qu’avez-vous fait encore ?

— Tous les ordres d’écrou étaient signés par moi, Je ne parle, bien entendu, que des arrestations opérées régulièrement. Mais un autre fait a contribué à ma condamnation.


DARBOY
Il est relatif à Ruault, condamné sous l’Empire dans l’affaire de l’Opéra-Comique, complot contre la personne de l’Empereur, et dans lequel M. Ranc, fut, si je ne me trompe, inculpé. Nous considérions tous Ruault comme un vieux républicain. Quand nous eûmes la preuve qu’il était un agent, vous pensez quelle fut notre indignation. Quand on l’a amené dans mon bureau, j’ai écrit au verso de son ordre d’écrou que je lui ai montré : « Conservez cette canaille pour le peloton d’exécution. » Le directeur de Mazas, Garaud, un blanquiste aussi, en recevant l’ordre d’écrou le mit à part dans son portefeuille. Quand j’avais fait évacuer les otages de Mazas, j’avais fait brûler tous les ordres d’écrou dans la cour de la prison. Un quart d’heure après notre départ les Versaillais y entraient, fusillaient le directeur et, sur lui, trouvaient l’ordre d’écrou de Ruault… et mon apostille.

— Quel âge aviez-vous ?

— Vingt ans.

— Et l’organisation ?

— Pour ce que j’en sais, je vous répète qu’à la préfecture de police, il n’y eut de changé que les personnes.

La thèse générale, ce que voulaient les blanquistes, c’était une dictature militaire, dans le but de battre les Versaillais, de faire nommer une convention nationale et de continuer la guerre ; et c’est pour cela que nous faisions tous nos efforts pour obtenir l’échange ou l’évasion de Blanqui.

Toutes les offres d’échange d’otages avec Blanqui sont parties de la préfecture de police, par l’intermédiaire de Flotte, vieil ami de Blanqui. Nous offrions tous les otages contre le seul Blanqui. De Blanqui on voulait faire le chef de l’insurrection. Nous ne voulions nous préoccuper d’abord, ni d’organisation parlementaire ni d’administration, ni de socialisme ; notre seul objectif était d’aller à Versailles dont le gouvernement n’était, pour nous, qu’un gouvernement usurpateur. De là la sortie du 3 avril : mouvements d’Eudes sur Meudon, au centre ; de Flourens, à l’aile droite sur Bougival et de Duval, à gauche, sur Châtillon. Le but de ce mouvement était de prendre Versailles, de dissoudre l’Assemblée et de continuer la guerre.