Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/381

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cerveau de l’artiste n’est pas fait, à mon avis, pour se lancer dans les combinaisons politiques.

Pour ce qui est des révolutions artistiques, je les crois utiles, car quelle qu’en soit la cause, presque toujours elles entraînent un progrès. N’avons-nous pas vu David, à la suite d’un mouvement révolutionnaire esthétique qu’il avait lui-même provoqué, être renversé en 1830 par Géricault, le chef actuel de notre école ?

Vous me demandez quel était l’état d’esprit des artistes pendant la Commune ? La réponse est facile.

Ceux qui se sont battus en 1870-1871 n’avaient qu’un seul désir : défendre le sol, revoir leur famille et oublier dans la lutte artistique les déboires, les déceptions de la grande lutte patriotique. Au repos, après les batailles, ils rêvaient ceux-là de faire ressusciter dans les gloires françaises la pauvre nation blessée, meurtrie, amputée ; ils rêvaient de tresser aux lauriers verts des braves les lauriers d’or du génie ; unissant en une même pensée, en une même ambition, en un même orgueil, l’amour de l’art à l’amour de la patrie ! Hélas, beaucoup de ces nobles cœurs : Régnault, Cuvilliers, Vannier et tant d’autres trouvèrent la mort avant la réalisation de ce rêve !

Quant aux artistes qui ont participé à la Commune, ainsi que je l’ai déjà dit dans ces notes, la politique ne leur a pas porté bonheur. Moulin est mort fou, André Gill est mort fou, Jules Héreau s’est tué dans un accès de fièvre chaude, croyons-nous. D’où je conclus une fois encore que les soldats de la phalange esthétique ne peuvent guère, sans porter préjudice à eux-mêmes, s’adonner ensemble aux conceptions de l’art et aux calculs ambitieux de la politique.

(Dessin extrait du Fils du Père Duchêne)

Eh ben ! bougre de canaille, on va donc te foutre à bas comme ta crapule de neveu…
Les résultats pratiques de la Fédération artistique sous la Commune ? Ces avantages ont été multiples. Voyons d’abord ce que demandait la Fédération. Cette Fédération était établie sur les bases suivantes :

« Les artistes de Paris, adhérant au principe de la République communale, se constituent en fédération.

« Ce ralliement de toutes les intelligences artistiques aura pour principe : la libre expansion de l’art dégagé de toute tutelle gouvernementale et de tout privilège.

« L’égalité des droits entre tous les membres de la fédération.

« L’indépendance et la dignité de chaque artiste mise sous la