que tout se passe régulièrement, puisque la lettre est pour moi… Je sais que vous n’avez pas le droit de me la remettre dans la rue… Venez à l’hôtel.
Inutile. Puisqu’on dit que c’est bien vous… (À demi voix) Vous êtes toujours disposé à partager ?
Voilà quarante sous pour vous… Adieu, vieux frère… Déchirons proprement l’enveloppe. Voilà les cinq cents francs. Voyons la lettre du notaire :
L’actif de la succession de madame Dubousset, votre grand’mère, se trouve considérablement augmenté par la réalisation d’une créance qu’on croyait perdue… et sur laquelle il vous revient quatorze mille cinq cents francs. Venez à Dijon, où votre présence est nécessaire. Vous trouverez ci-inclus cinq cents francs, à votre débit, que j’ai cru bon de vous envoyer au cas où vous seriez embarrassé pour les frais du voyage. (Il relit la lettre en chantant, avec le plus grand sérieux.)
Quatorze mille cinq cents francs ! (Bas) Quatorze mille cinq cents francs ! (Avec éclat) mille cinq cents francs. Procurons-nous du linge propre et des vêtements confortables. Ces vêtements me sont moins odieux maintenant que je peux m’en payer d’autres. Ça m’est égal qu’on pense que je suis mal vêtu, du moment que j’ai le moyen de me vêtir richement. Cependant leur malpropreté me fait horreur. Je vois des taches de graisse que je n’avais pas remarquées. Allons chez Requin et procurons-nous des habits. Ensuite nous irons prendre un bain, et nous nous mettrons en quête d’un hôtel confortable et pas trop cher cependant. Il ne saurait être question de Mazas, désormais. La liberté est un bien précieux, mais il faut avoir un petit capital d’exploitation pour la cultiver.
Scène IX
As-tu vu le coup, Francis ? Quand je te disais qu’il fallait avoir l’œil sus el’Brigadier. On rentre au poste, la tournée finie. Ce gaillard-là nous envoie-t-i pas en tournée supplémentaire !
C’est pas sa faute, s’il a des ordres, et si les étudiants font du raffut dans Paris.
Où donc qu’ils font du raffut ? Où donc ?
Hé ben oui ! Qu’ils en font. On me l’a dit tantôt.