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Page:La Revue blanche, t13, 1897.djvu/180

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vrai que le bon Dieu soit présent partout ? » demandait une petite fille à sa mère ; « je trouve cela bien inconvenant. » — Avis aux philosophes !… on devrait avoir plus de respect pour la pudeur avec laquelle la nature, derrière des énigmes et des incertitudes confuses, s’est cachée. Peut-être la vérité est-elle une femme qui a des raisons de ne pas laisser voir ses raisons… Peut-être son nom, pour parler grec, est-il Baubo[1]… Oh ! ces Grecs, ils s’y entendaient à vivre ! Pour cela il est nécessaire de s’arrêter vaillamment à la surface, au pli, à la peau, d’adorer l’apparence, de croire aux formes, aux sons, aux paroles, à tout l’Olympe de l’apparence ! Ces Grecs étaient superficiels — par profondeur…

Et maintenant n’y revenons-nous pas, nous les casse-cous de l’esprit qui avons gravi les cimes les plus hautes et les plus dangereuses de la pensée présente, et avons regardé de là autour de nous et au-dessous de nous ? Ne sommes-nous pas aussi grecs en cela ? adorateurs des formes, des sons, des mots ! Pour cela également ne sommes-nous pas artistes ?…

Traduit de l’allemand par H. Lavignes.

  1. Dans l’hymne orphique à Hécate, la déesse est appelée « Baubo, crapaud femelle ». Les orphiques, à cause de l’analogie de son des noms, avaient assimilé à Hécate la déesse égyptienne Hehe-t dont l’animal sacré est la grenouille. Le crapaud ou la grenouille, ainsi attribué à Hécate, devint un symbole de lumière nocturne.