cle identique qu’il décrit, l’astre a une place, cellule de sa prison, dans la nuit ! Il semble ne pas bouger dans l’assemblée des astres. Son système est à lui, le reste de l’ombre aux autres. Mais si quelque jour, changeant sa courbe séculaire, lâché de sa prison, aveugle, l’astre a jailli, — alors, à tout hasard dans l’espace il s’en va, de sa flamme et de son poids perturbant les systèmes, — à la recherche d’un monde meilleur…
Qui l’attirera, le fixera à un autre système…
Ou l’anéantira !
Le solitaire sortira de sa prison. Il a réfléchi. Un contact déchargera l’action accumulée. Années de rêve vide ! — En vérité il agira. — Ah ! que le monde qu’il a quitté était mauvais ! Mais lui donc ! Comme il s’est fait, loin du monde, semblable au monde ! Maintenant l’un et l’autre, ils vont se retrouver.
« Est-ce qu’un homme, un seul, jeté aux sociétés, peut en soulever la masse inerte et croupissante ? » — Oui, oui ! Il peut cela, il le peut, le révolté tombé dans le troupeau docile ; en courant à la mer ils iront à la mer, tous, avec lui, dociles à la révolte comme à la soumission. De gros bouillons mousseront de cette vase stagnée, si, sous l’action d’on ne sait quel ferment — d’un seul ! — elle tourne, par quelque soir orageux.
Pas de travail. Il y en aura. J’en aurai.
Les hommes s’étouffent. Ils sont trop nombreux ? Ils seront moins…
Voici que l’action qui hésitait, si lâche, cherchant on ne sait quelle garantie de demain, voulant fonder, bâtir sur ruines, semer en forêt, et pleurait d’impuissance à féconder des morts, — se précise, résignée à son rôle d’action, d’action simple, qui ne rêve pas, agit seulement, fait son rôle d’action : détruire.
Tout détruire, pierre à pierre et mensonge à mensonge, extirper tout ce qui mange un coin de terre sociale. Droit, progrès, liberté, mots en té, en isme, République même, mots qui brillent et font peur, glu tenace des bienfaisances, avarice des retors, politique économie, tout ce qui garotte le pauvre en quête de travail, science, bien-être, — et la patrie, religion nouvelle, comme l’ancienne, si de celle-là il reste du Dieu…
Nous ôterons.
Descendants de ceux-là qui un siècle avant nous, révolutionnaires du cœur et des pensées, ont fondé dans nos âmes un culte libre de Dieu, travaillons, arrachons… faisons toute notre tâche…
Creuse. Sois tranquille. La vie sème derrière toi.
Tranche le mal. Sois tranquille. La vie recoud les chairs.
Le froid du couteau te fait mal. Ah ! le chancre est tenace… Il plonge profond… — Tranche profond. Et sans s’inquiéter de ce qu’on met à la place…
À la place du mal…