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Page:La Revue blanche, t15, 1898.djvu/85

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que celle des adversaires probables. D’une manière générale cette concentration se fera vers les bords du lac de Genève.

Les syndicats de Gascogne et de l’Albigeois devront attendre pour achever leur mobilisation que les forces sociales de Catalogne et du pays basque aient atteint leur centre de réunion. Au moins on étudiera la possibilité de cette attente et de cette jonction, qui, une fois opérée, permettrait à l’armée sociale du Sud de battre en retraite jusque le Gard et l’Ardèche où seront recueillies les formations de Marseille. Cette armée remontera la vallée du fleuve jusque Genève.

Elle prendra garde de ne point laisser passer les divisions capitalistes sur la rive droite, et de s’opposer le plus longtemps possible à ce que l’on force sa gauche couverte par les Cévennes.

Les forces du Nord se lieront à celles de Hollande et de Belgique. La jonction opérée, elles descendront, par Arras, jusque la Somme et s’établiront entre Amiens et Mézières, dans le but de se porter vers Lyon où la Commune aura été proclamée.

Les forces du Sud s’établiront sur la rive droite du Rhône, et auront pour objectif, une fois opérées les jonctions internationales, de gagner l’Orléanais par la vallée de la Loire, puis, de là, Fontainebleau, Paris, en contournant les ouvrages militaires du plateau de Langres.

Etudié en détail depuis quatre années par des personnalités compétentes, ce plan est le meilleur parce que les forces mises en mouvement couperont ainsi les divisions bourgeoises établies à l’Est, les isoleront jusqu’au jour où le triomphe manifeste du Quatrième État les aura convaincus de s’allier au nouveau mode économique.

La découverte récente et restée secrète de la navigation aérienne grâce à quoi nos aéronefs pourront écraser par jets de torpilles les armées capitalistes, assure la victoire tactique.

Le temps est donc venu de prendre les dispositions de combat. Les secrétaires de syndicat dresseront un état de situation de leurs unités en adjoignant au nom de chacun les mesures du dolman, la pointure des brodequins, le contour métrique de la tête pour la capacité du casque, afin que la collection d’effets distribuée soit assortie aux tailles des soldats qui porteront, comme pantalon d’uniforme, une cotte de toile bleue.

Il y aura lieu, pour les artilleurs, de noter les distinctions entre canonniers et conducteurs.

Tout ceci est rigoureusement secret ; et les mesures indiquées par la présente lettre devront être prises sous des prétextes plausibles qui détournent l’attention de la police. Je vous ferai connaître, ultérieurement, mes ordres pour l’organisation des unités, en compagnies, bataillons, escadrons, batteries et régiments, ainsi que les lieux de concentration de ces unités.

N.