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Quand j’étais enfant en Chine[1]


VII
Les Religions

En abordant la question des religions en Chine, je tiens à vous rappeler que le christianisme y est d’introduction récente et que tout ce qui s’y rattache, comme le dimanche, les églises, les ministres, les réunions régulières en vue du culte, tout cela est inconnu à la grande masse du peuple chinois.

Nous avons trois systèmes de religion : le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme.

Le Confucianisme, religion enseignée par Koung-Fou-Tseu (Confucius, — philosophe qui vivait environ cinq cents ans avant la naissance du Christ, — ) est la religion de l’Empereur, d’une grande partie du monde officiel et, en général, de toutes les classes élevées. Ce système est principalement moral et pratique, par opposition au système mystique et spéculatif. Il nous apprend à honorer et à servir nos parents, à nous montrer docile et déférant envers nos aînés, à être fidèle à notre souverain légitime et à vivre en bonne harmonie avec notre femme. Ces principes sont exposés et développés de manière à répondre à tous les besoins de la société moderne. Confucius n’enseigna jamais l’existence de Dieu. Il n’avança jamais aucune théorie sur un ciel et un enfer. Il persuadait simplement les hommes d’aimer le bien pour lui-même. Mais cette haute philosophie ne fut jamais populaire au point d’être acceptée et pratiquée par la foule.

Toutefois, les Chinois éprouvent un réel respect pour Koung-Fou-Tseu et ses préceptes, et, à part le petit nombre de ceux qui professent le bouddhisme et le taoïsme, ils se disent confucianistes, encore qu’ils ne comprennent pas tout l’enseignement du maître et en dépit même de ce fait qu’ils honorent les dieux des autres systèmes de religion. Purs et élémentaires, les dieux des confucianistes sont le ciel et la terre, les esprits des vents et les cinq grandes montagnes, les dieux du foyer, qui répondent aux pénates romains et les ancêtres.

Le taoïsme était, originairement, un système de philosophie, mais il a dégénéré en une secte qui emprunte ses dogmes au bouddhisme et au Confucianisme.

Sur le taoïsme se sont greffées, avec le temps, des superstitions innombrables. Les prêtres de cette secte sont des gens dont l’unique préoccupation est d’en imposer au peuple et qui vivent de ses craintes superstitieuses.

Dans le système taoïste, il y a les dieux de la guerre, de la littérature,

  1. Voir La revue blanche des 15 octobre et 1er  et 15 novembre 1900.