La « grande chambre », qui occupe l’angle sud du bastion-nord, loge environ 60 hommes. Un jour blême tombe de deux canardières grillées qui, percées tout au haut de la muraille opposée à la porte, traversent une maçonnerie de près de trois mètres d’épaisseur.
L’atmosphère de ces souterrains, principalement des trois
plan à vue du bastion nord d’oléronqui sont dépourvus de fenêtres, est empuantie d’un remugle où se combinent l’odeur des corps humains mal entretenus, la fumée du tabac, les émanations des tinettes, et (par suite de l’incurie des fourriers) la fumée des lampes à pétrole dont les verres cassés ne sont pas remplacés.
Tous ceux qui ont passé par la caserne, connaissent l’odeur caractéristique des chambrées : pourtant, comme elles ont des fenêtres, on les ventile. Or, depuis 1630, date de la construction de la citadelle d’Oléron, les casemates n’ont jamais été aérées hygiéniquement : leur disposition s’y oppose. C’est là cependant que des hommes punis, et non condamnés, sont forcés de rester : consigne perpétuelle à la chambre, sauf aux heures de travail, d’exercice ou de corvée ; aussitôt qu’ils ont achevé les besognes qui exigent leur sortie des casemates, ils y sont réintégrés et enfermés à double tour… avec leurs tinettes.
La Gobette. — Le règlement accorde aux disciplinaires du corps des colonies le droit d’avoir une cantine qu’ils dénomment la « gobette ».
Elle est réservée aux hommes non punis : ils peuvent s’y procurer du pain, du fromage, du saucisson, des fruits ordinaires, du vin (1/2 litre par jour), du tabac, du papier à cigarettes et des allumettes. Le montant de leurs achats ne doit pas dépasser trois francs par semaine.
D’une lettre que nous avons tout dernièrement reçue d’un fonctionnaire militaire nous extrayons :
« …En décembre 1900, les hommes de la compagnie, outrés du prix exorbitant auquel le cantinier leur vendait des marchandises de qualité très inférieure, souvent frelatées, résolurent de toucher ce mercanti (qui est un catholique pratiquant) à l’endroit sensible, la caisse, et décidèrent de se priver volontairement de gobette. Comprenez-vous la gravité d’un tel acte et