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porte. Dans chacune de ces petites cellules présentant 3 m.  15 de superficie sont enfermés jusqu’à trois et quatre hommes.

La grande cellule a 8 mètres de profondeur et environ 2 m.  5 de large. Dans cet étroit espace, on enferme de 22 à 25 et 30 hommes, qui s’entassent les uns sur les autres soit sur le bas-flanc, soit dessous, ou dans l’espace existant entre le bas-flanc et le mur dans les crachats et l’urine.

Le bat-flanc, qui est en bois, est retiré tous les matins au réveil et replacé à sept heures du soir.

Cette grande cellule a le privilège d’une lucarne d’environ 30 dmq ; mais il serait inexact de croire que ces 30 dmq soient tous utilisés pour le passage de la lumière et l’aération du souterrain. Soucieux de sa réputation de sage économie, le génie a jugé prudent de ne pas gaspiller l’air et la lumière. Ce « génie malfaisant », comme dit le refrain des

coupe du soupirail de la grande cellule

T, — tambour en bois ;
G, G, — grille en fil de fer ;
P, — plaque de tôle percée de 32 trous ;
B, — barreaux de fer ;
E, — extérieur ;
I, — intérieur.


« Joyeux », a d’abord placé devant le soupirail (percé à travers une muraille de 1 m.  80 d’épaisseur) un tambour en bois ; un treillis de fer réunit horizontalement l’arête de ce tambour au mur ; puis, dans l’ouverture même sont encastrés successivement un grillage, un treillis, une ligne de barreaux de fer, et enfin… une plaque de tôle. Nous devons à la vérité d’ajouter que cette plaque de tôle est percée de 32 trous du diamètre d’une cigarette : les 32 lueurs bleuâtres qui sortent de cette plaque comme des étoiles dans la nuit éclairent la cellule, le jour ; ces 32 trous sont les seuls orifices qui permettent l’épuration des 42 mc, dans lesquels sont entassés parfois jusqu’à 30 hommes, avec une tinette de 20 litres qui n’est vidée qu’une fois par jour. Lorsque cette tinette est pleine, les matières fécales et l’urine se répandent sur le sol où le défaut de place force les hommes à coucher. Le séjour dans ce local, qualifié à Oléron de prison noire est encore aggravé lors des coups de mer ou des marées d’équinoxes, car l’eau suinte dans ces culs de basse fosse, et les hommes se voient forcés de coucher sur les pierres humides.