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plus serrer avec ses doigts, il prend soit un clou de charpentier, soit sa baïonnette, et, introduisant la pointe dans un des trous de l’ailette taraudée, fait levier pour obtenir une pression plus forte.[1]


schéma de la crapaudine
(Pour plus de clarté, la distance entre les mains et les pieds a été exagérée ; en fait elle est nulle, comme le montre la photographie reproduite en tête de cet article.)
La Crapaudine. — La crapaudine, dont nous avons indiqué l’usage dans les compagnies de fusiliers de discipline de la guerre, est employée à Oléron, où elle se complique de la mise aux poucettes.

Les pouces étant ferrés derrière le dos, l’homme est abattu par terre et les chevilles sont ligotées ensemble et rattachées, non pas aux poignets comme dans la crapaudine ordinaire, mais à l’anneau spécial que portent les poucettes à leur extrémité : de sorte que, de quelque façon que l’homme se place, en plus de la pression exercée sur eux, ses pouces subissent une traction constante, car les jambes, repliées en arrière font ressort.

Le croquis ci-contre et la photographie placée en tête de cet article permettront de se rendre compte de la position : l’homme supplicié la garde parfois une journée entière. Pour les repas et les besoins naturels, les choses se passent ainsi que nous l’avons dit précédemment, aggravées par la complication de la position.



le baillon
Le Bâillon. — Lorsque, de par l’application des poucettes ou pour la mise en crapaudine, l’homme crie, il arrive souvent que les gradés usent du bâillon, afin d’opérer dans le silence.

Le bâillon est improvisé avec un mouchoir, une pierre, un objet quelconque que l’on introduit dans la bouche. On met ensuite entre les dents du patient un morceau de bois de la grosseur d’un manche à

  1. Nous signalerons spécialement comme très habile à ce jeu le caporal Berthelot.