ORIGINES
Le ministère du commerce et de l’industrie a publié, au mois de décembre 1895, les résultats, en France, d’une enquête sur le chômage.
Voici le relevé des « causes » : 1° d’après les membres du Conseil supérieur du travail ; 2° d’après les syndicats ouvriers :
14 membres, l’influence des saisons ;
27 — l’irrégularité de la production, — surproduction ;
28 — l’abus de la concurrence et de la spéculation ;
31 — la prolongation excessive de la durée du travail.
14 membres ont indiqué l’influence des saisons ;
22 — la transformation rapide des machines ;
27 — l’irrégularité de la production, — surproduction ;
31 — la prolongation excessive de la durée du travail ;
38 — les variations de la production à l’étranger ;
30 membres, l’abus de l’emploi des femmes et des enfants.
Ces divisions ne laissent pas d’être fort contestables. On a confondu souvent avec les causes du chômage « les circonstances qui résultent de la nem-application des mesures que l’on suppose capables de le restreindre ». (Office du Travail.)
Examinons ces diverses causes d’un peu près. Et demandons-nous, par exemple, si certaines explications ne sont pas illusoires et si d’autres ne font pas double emploi.
Dans le premier groupe d’appréciateurs, 14 membres désignent l’influence des saisons ; ce sont d’ailleurs les moins nombreux. Peut-on prendre au sérieux cette explication ? Les aléas climatériques sont de toujours : le chômage est moderne.
31 membres ont indiqué la prolongation excessive de la durée du travail ; comme si c’était une cause ! Il s’agit, nous le savons, d’une allusion à une mesure déjà proposée pour y remédier, (les 8 heures…).
Les 38 et les 28 (voir le premier tableau) ont en vue : la concurrence de l’étranger sur le marché français et la concurrence des producteurs entre eux à l’intérieur. En réalité, ces deux causes n’en font qu’une : d’où qu’elle vienne, la concurrence est invariable dans son fonctionnement général et surtout dans ses conséquences.
Les 27 membres qui indiquent l’irrégularité de la production (surproduction) ne paraissent pas avoir compris que ce phénomène découle :