était chrétien depuis Tarabousine jusqu’à Pékin ; qu’il y eut dans cette ville des églises chrétiennes et qu’à la Cour impériale les grands prêtres jouaient un grand rôle : la mère de Khoubilaï, lequel est le plus grand monarque que l’humanité ait produit, fut chrétienne. Or cette gloire nestorienne inquiéta l’esprit borné des papes romains. À partir du règne de Grégoire XII on envoya en Asie des missionnaires pour convertir les nestoriens. Le clergé bouddhique démontra que les chrétiens n’étaient pas sûrs eux-mêmes de ce qu’ils croyaient et… un siècle plus tard, jusqu’au nom chrétien était oublié. — Ce n’est qu’un parallèle.
Il faut reconnaître que les missions catholiques ont remporté des succès singulièrement plus grands que les protestants. Mais le caractère même de ces succès montre combien ils diffèrent de ceux qu’on leur attribue en Occident. Il suffit de les décrire pour faire voir qu’ils ne sont en proportion ni des progrès du catholicisme, ni de l’appui fourni par les gouvernements européens et qu’en outre ils ne sont point pour fortifier l’influence occidentale dans les contrées où ils ont été remportés.
Les missionnaires catholiques sont devenus simplement beaucoup plus chinois que protestants. Dans la majorité des cas ils parlent fort bien chinois. Ils ont encore cet avantage énorme sur leurs rivaux que le culte catholique qui, comme on sait, est entièrement emprunté aux anciens cultes bouddhiques, offre une ressemblance frappante avec certaines pratiques religieuses du pays. La vénération de saints, l’emploi de l’encens, l’existence d’icônes que l’on adore, la non-participation de la commune à l’office même, le caractère fastueux du culte qui impressionne surtout du côté extérieur et ne demande rien à l’assistant, la confession enfin, et jusqu’à l’idée de la transsubstantiation empruntée toute entière au bouddhisme : tout cela devait, non pas, bien entendu, faire adopter plus aisément par les Chinois la religion chrétienne, mais leur rendre plus facile l’adhésion à la commune chrétienne, d’autant que les catholiques faisaient des concessions très larges, si larges qu’elles devraient convaincre les plus fervents défenseurs européens de l’église que leurs missions ne sont plus chrétiennes. On adoptait dans la confection des icônes les principes du symbolisme chinois, et l’on arrivait à peupler les églises de saints à gros ventre (le ventre symbolise l’âme chez les Chinois), d’emblèmes bouddhiques et chinois, d’attributs expliquant aux croyants chinois les pouvoirs spéciaux des idoles d’après la conception chinoise : Saintes-Céciles jouant de la mandoline chinoise, Saints-Jeans à longue tresse, Dieux-pères à gueule et ventre fabuleux, Dieux-fils accroupis comme des grenouilles. Saints-Esprits à bras multiples, voilà qui est tout à fait catholique en Chine. Les églises deviennent des pagodes, les prêtres des bonzes. Ils portent presque toujours le costume des ecclésiastiques chinois, et souvent la tresse.
Ce sont là, dira-t-on, des expédients tout extérieurs adoptés pour