bonne ; à côté d’eux, des jeunes chez qui l’influence parnassienne se
manifeste vraiment. MM. Armand d’Artois, Émile Bergerat (chez qui
le chroniqueur éclipse le poète), Émile Blémont, Robert de Bonnières,
qui donna quelques sonnets du genre de ceux de M. de Heredia,
puis entreprit vainement la réhabilitation du conte en vers, Raoul
Gineste, Charles Grandmougin, Guy de Binos, Isabelle Guyon, Auguste
Lacaussade, déjà connu par des poèmes naturistes, créole comme
Leconte de Lisle ou Dierx, abordant les mêmes paysages, Paul Marrot,
poëte plutôt réaliste et fantaisiste, Achille Millien, Monnier, Amédée
Pigeon, Claudius Popelin, Gustave Ringal, Gabriel Vicaire, comme
aussi Rollinat et Paul Bourget.
Mais ces trois derniers ne sont pas des Parnassiens : Rollinat, comme Vicaire, tiendrait plutôt au groupe de Richepin et de Maurice Bouchor qui protesta vivement non pas tant contre la rythmique que contre le fonds d’idées, l’impassibilité, le non-réalisme des Parnassiens et aussi contre leur vocabulaire, et réclamèrent avec quelque éclat un retour à la simplicité et à la découverte de la vie. L’intrusion du Symbolisme a resserré ces deux groupes jadis ennemis, au moins sur un point, et ceux qu’on accusa àprement de vouloir disloquer le vers ont été amnistiés de plano. Ce fut néanmoins la première fois qu’on barrait la route au Parnasse depuis ses débuts, la chose se passant vers 1878. Richepin écrivait la Chanson des Gueux, M. Paul Bourget Edel, M. Boucher les Chansons joyeuses, et ce fut d’avoir eu trop confiance en leur rhétorique qui les empêcha d’imposer une esthétique qui s’appuyait d’ailleurs sur le naturalisme, dont on pensa quelque temps qu’ils allaient devenir les poëtes. Ils ne manquèrent point de talent ni de truculence, mais bien d’indépendance et d’audace.
Il faut supprimer de la liste que fournit le Parnasse contemporain le nom des poëtes qui tournèrent court, après un ou deux volumes de vers, entrèrent dans la politique ou l’administration, et se turent ; certains furent des créations de M. Lemerre. Postérieurement au Parnasse contemporain on trouverait aussi de nouvelles recrues pour le Parnasse, mais il faudrait distinguer, parmi ces fervents de l’art traditionnel, ceux qui procèdent du romantisme pur et les lamartiniens, de ceux que directement tel ou tel des Parnassiens influença. Si on peut porter à l’acquis du Parnasse des poëtes tels que M. de Guerne, M. Jacques Madeleine, et très à la rigueur M. Henry Barbusse, on ne saurait lui attribuer ceux qui, quoique résolus au vers régulier, ont d’autres attaches, comme M. Quillard, comme Albert Samain. Ce n’est point sans arrière-pensée que le Parnasse réclame Verlaine : c’est non seulement à cause de sa gloire, c’est à cause des verlainiens, car l’empreinte de Verlaine se trouve, et forte, chez des suivants du rythme traditionnel.
L’art de M. Laurent Tailhade ne s’apparente intellectuellement qu’à des tentatives de rénovation, si strictement traditionnelle soit sa métrique, et on sent bien en lisant M. Sébastien-Charles Leconte qu’il s’est passé quelque chose depuis le Parnasse, grâce à quoi, malgré la vive admira-