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Vieux Chants Arméniens


Ces petits poèmes, pour la plupart écrits en cette forme du quatrain si chère aux Orientaux, sont l’œuvre de Nahabed Koutchak, achough (poète populaire) arménien, qui a dû vivre au xve ou au xive siècle ; la copie la plus ancienne de ses vers qui nous soit parvenue est de 1583.

Nahabed Koutchak est né et a passé sa vie dans le village de Kharagonis, près de Van (Grande Arménie). Ses chants (chants gnomiques, chants d’amour, etc.) lui ont valu une grande célébrité parmi ses compatriotes. Son tombeau est encore un lieu de pélerinage pour les Arméniens de Karagonis.


A. T.


CHANTS D’AMOUR


Ce matin, on entend le chant des oiselets du printemps ;
O mes oiselets ! il y a une voix plus douce que toute voix :
C’est celle de l’oiselet qui s’appelle bulbul ; celui-là ne dit que des choses d’amour.
Sa petite voix m’a frappé l’oreille, et je ne peux plus cesser de pleurer.


***


Ton visage est comme une lune, tes cheveux comme une épaisse nuit,
Tes tempes sont comme des pommes du paradis, et tes yeux te sont
prêtés par la mer ;
Tu as des sourcils arqués, des yeux sombres, et tes cils sont des
flèches ;
Ta bouche est une tulipe humide, toute remplie de perles.


***


Mon cœur est un enfant pleurnicheur, je tâche de le distraire en lui donnant des bonbons :
Il pleure tout le jour et demande à te voir ; que puis-je faire pour le calmer ?
Je montre à mes yeux tout ce qu’il y a de joli en ce monde :
Que puis-je faire si mes yeux ne veulent voir que toi ?