dans ses Poèmes de la Révolution, un gros effort qui l’a laissé
au-dessous de son sujet. M. Xavier de Ricard, dont le livre Ciel,
Rue et Foyer contient des pages intéressantes, l’inventeur ou au
moins le fervent assidu, au commencement du Parnasse, du sonnet
estrambole qui eut les honneurs de la parodie du Parnassiculet, s’est
dirigé depuis longtemps vers les études politiques et sociales, et sa
plume fut une des plus généreuses parmi celle des écrivains des Droits
de l’homme. M. Cazalis a tiré des poèmes hindous et des poèmes
persans la matière d’adaptations assez bien faites, et la beauté des
modèles n’a point perdu tous ses rayons en passant par ses vers souples.
Quelques poèmes en prose agréablement cadencés complètent son
œuvre courte que rehausse une bonne histoire élémentaire de la littérature
hindoue, très séduisante et attachante. Jean Marras, qui
vient de mourir, était un ami très chaud et très dévoué des Parnassiens,
profondément pénétré de la vérité de leur esthétique, mais non un
parnassien, non plus que Cladel, dont les quelques vers (le sonnet à son
âne et quelques courts poèmes) ne sont qu’une part insignifiante de
l’œuvre. M. Frédéric Plessis, d’un vers ferme et distingué, augmente
le nombre des poèmes antiques. C’est, parmi le premier ban des Parnassiens
et leurs immédiates recrues, ceux qu’on peut citer, à moins
qu’on n’ajoute des élèves particuliers de MM. F. Coppée ou Sully
Prudhommie, comme M. Dorchain, poète de facture pâle, mais non sans
distinction, ou des écrivains tels que M. André Theuriet, qui n’a fait
dans la poésie qu’un court passage et a dilué son sentiment de la nature
et son érudition florale et sylvestre dans des romans genre Revue des
Deux-Monde, ou bien M. Jean Aicard, mais il n’est pas certain alors
que les Parnassiens ne m’accuseraient pas d’abuser de quelques
déclarations parnassiennes de M. Jean Aicard pour leur infliger un
élève dont ils se soucient peu ; tout de même, une fois au moins,
M. Catulle Mendès l’a revendiqué.
Il semble que le reproche qu’on sera en droit d’adresser au Parnasse, ce sera de n’avoir rien innové et que les quelques hommes de talent qu’il compta ne se soient préoccupés que de tenir honorablement un rang à la suite du Romantisme. Ils n’ont eu ni le souci ni l’intelligence de l’évolution littéraire. Par leur maniement particulier du vers faussement marmoréen (il n’y a qu’à lire M. Coppée, M. Sully Prudhomme pour voir que ce vers est beaucoup plus garni à la façon d’une poupée moderne que marmoréen comme une statue antique), par la dispersion du rythme sur toutes sortes de sujets peu poétiques, ils avaient rendu le public lettré français indifférent à la poésie, et il a fallu l’évolution symboliste et la mise en question de la prosodie traditionnelle pour provoquer un sursaut et un retour d’attention, dont ils ont, d’ailleurs, bénéficié.