Page:La Revue blanche, t28, 1902.djvu/338

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pistes[1] du couvent de Staouëli qui occupent un détachement de détenus militaires, loués à l’établissement militaire de Douëra et dont le nombre varie, suivant les saisons, de vingt-cinq à cinquante hommes. Ce sont ces détenus militaires qui, sous la direction de contremaîtres espagnols, italiens ou maltais à la solde des moines, cultivent les immenses et productives plantations de vignes, de géraniums et d’orangers où les trappistes de Staouëli puisent des revenus extraordinairement élevés.


Camp militaire des moines de Staouëli. Détenu militaire à la porte de sa chambre. Au-dessus des deux portes, une statue de Saint-Joseph : dans l’imposte des deux baies, ces inscriptions : Salle Saint-Victor — Salle Saint-Joseph. (Décembre 1901).

Les dimanches et jours de fêtes, ces mêmes détenus sont employés par les moines, dans la chapelle du couvent, à chanter les offices du culte, et le sergent, chef de détachement, punit par de longs jours de cachot — même de fers — les distractions pendant les offices. Le dimanche, 15 décembre dernier, j’étais moi-même de passage à Staouëli et j’avais pu pénétrer dans l’enceinte, gardée par des tirailleurs armés,

  1. Puisque je parle de cet emploi de militaires par des moines trappistes, je rappellerai que, dans beaucoup de villes algériennes, l’autorité militaire met gracieusement à la disposition des curés des paroisses et des sœurs congréganistes des ordonnances pris parmi les disciplinaires. Ainsi le curé d’Aumale a à son service un disciplinaire de la 4e compagnie de discipline et les sœurs congréganistes de cette ville deux disciplinaires de la même compagnie. De même à Bou-Saada, à Biskra, à Héchéria, à Gafsa, etc., où les curés et les sœurs emploient chez eux des soldats disciplinaires, alors que cette faveur est refusée aux fonctionnaires laïques.