Page:La Revue blanche, t28, 1902.djvu/347

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l’écume aux lèvres, les yeux hagards, menaçant et terrible. Il est devenu fou furieux. La chiourme s’élance, en foule, et les fers et le bâillon réduisent le malheureux.

Intérieur du Fort Bab-Azoun où se trouvait le « quartier des ténébreuses », réservé aux punis de quatre-vingt-dix jours de cellule.

Il est encore une punition toute spéciale que peuvent seuls infliger le ministre de la guerre et les généraux en chef. C’est la punition de quatre-vingt-dix jours de cellule. Cette punition, très fréquente, est des plus redoutées. Les hommes les plus robustes y laissent leur santé, et souvent une civière est nécessaire pour transporter de sa cellule à l’hôpital l’homme qui vient de terminer cette effroyable punition. Il y a peu de mois encore, la punition de quatre-vingt-dix jours de cellule était subie uniquement à la prison militaire d’Alger où un quartier cellulaire spécial — surnommé le quartier des « ténébreuses » — était affecté aux condamnés militaires qui venaient y subir cette peine. Non seulement les détenus des établissements militaires d’Algérie, mais même les condamnés des prisons militaires de France ou des pénitenciers d’Albertville et de Bicêtre, à qui était infligée cette punition, venaient la subir au « quartier cellulaire » d’Alger. Le général André a prescrit récemment que les « quatre-vingt-dix » seraient désormais subis dans chaque établissement de détention. Il a prescrit en outre que ces punitions seraient interrompues toutes les semaines pendant quatre jours, au bout desquelles elles seraient reprises pendant une semaine, et ainsi de suite jusqu’à complète expiration de la punition infligée. Certes, cette mesure serait déjà un sensible progrès si elle était intégralement