Page:La Revue blanche, t3, 1892.djvu/203

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qui mettent en danger notre chère capitale, véritables bouillons de culture à microbes et à revendications.

Il est mort de faim, cette année, plusieurs vingtaines de milliers de créatures. N’est-il pas d’une humanité bien comprise d’épargner aux survivants de vaines tortures et d’abréger le formalisme de la misère ?

Inutile d’ajouter que le niveau de la criminalité s’abaisserait peu à peu à proportion que les candidats au crime disparaîtraient. Nous ne verrions plus se produire ces attentats-contre-immeubles dont quelques désespérés ont donné l’exemple dernièrement. Les violents et les désireux d’un utopique état-de-choses iront se perdre au sein de la putréfaction rédemptrice, en ce Palais, là-bas. Et pour ne pas trop morceler la besogne, nous leur adjoindrons les ligueurs, les gymnastes, les associés de n’importe quoi, tous les tapageurs sans motif. Ils superfètent.



Les bienfaits de cette méthode s’affirmeront aussi dans un autre ordre d’idées. La concurrence vitale nous harcèle de plus en plus acharnée en nos facétieusement dénommées : Carrières libérales. Les arrivés, ventripotents et accapareurs, opposent aux jeunes qui les tirent par les basques la force de l’ineptie. Avec égoïsme ils s’obstinent dans l’existence, — je vous le demande, est-ce juste ?

Un sage (je crois que c’était un négociant en faillite) a proclamé sur banderolles cette vérité-de-tous-temps : Les grands magasins nous dévorent ! Ici, en littérature, nos grands magasins sont MM. Chose, Machin, X, Z, des Grands Quotidiens. Ces messieurs cumulent les chroniques en divers endroits, monopolisent les gagne-pain et les décorations ; nous autres, nous exécutons, ce durant, le pas de la Pyrrhique-devant-le-buffet.

Le voyageur Philippe Dubois qui visita l’Océanie et les romans de M. Bourget, nous donne le renseignement suivant : chez certaines peuplades sauvages, dès qu’un vieillard se fait visiblement par trop vieux, on le persuade de monter dans un arbre, et, une fois qu’il a atteint la maî-