Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/578

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taine période de l’histoire de l’homme, et encore à condition que nous considérions comme claires les notions qui nous sont familières. Si les hommes naissaient adultes comme la Bible raconte qu’est né le premier homme, et si les hommes avaient apparu tout d’un coup sur la terre, comme le raconte le même ouvrage, les hommes seraient sûrement quelque chose d’essentiellement différent des corps de la nature brute et alors, la manière de voir d’Auguste Comte serait admissible, il n’y en aurait même pas d’autre !

Mais cela n’est pas vrai. Dans les périodes géologiques, l’espèce humaine a franchi peu à peu les étapes, de l’animalité la plus inférieure jusqu’à l’état actuel, de même que dans sa vie propre depuis l’œuf, chaque homme franchit encore les mêmes étapes, par une série de formes toutes plus ou moins modifiées, grâce au parasitisme utérin, mais dans lesquelles on reconnaît suffisamment des types analogues à celui de l’hydre, à celui du squale, etc.

Quelqu’un osera-t-il nier que l’homme adulte soit le résultat de cette complication progressive, et que l’étude des diverses phases de son évolution nous fasse comprendre sa structure actuelle ? Et cette étude de l’embryologie humaine, pouvons-nous la faire par la méthode d’observation interne que préconisent les psychologues ? Il y aurait donc deux méthodes successives à employer pour l’étude de l’homme, la méthode d’observation externe, la seule applicable pendant la période embryonnaire, puis la méthode d’observation interne à partir du moment où l’homme se connaît lui-même ? Un esprit scientifique admettra-t-il jamais cette scission ? Y a-t-il discontinuité entre ces deux périodes successives de la vie humaine, et pouvons-nous nous empêcher de nous poser cette question de savoir comment la période embryonnaire a produit l’homme doué de toutes ses facultés, comment, par conséquent, ce mécanisme humain que Comte trouve si clair, résulte d’une évolution beaucoup moins claire et dont l’étude rappelle de si près celle de la zoologie des animaux inférieurs, puis celle des animaux de plus en plus élevés en organisation ? À ceux qui prétendent que la psychologie se suffit à elle-même et nous donne des renseignements bien plus certains que ceux de l’observation externe, je demanderai quelle est la psychologie de l’œuf, quelle est la psychologie du fétus à fentes branchiales. Avec ce que nous connaissons aujourd’hui du développement progressif de l’homme, l’affirmation d’Auguste Comte est une simple absurdité. La vie de la levure de bière, que je puis raconter de cette manière simple : « une cel-