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Poèmes

BARDES ET CORDES

Le roi mort, les vingt et un coups de la bombarde
Tonnent, signal de deuil, place de la Concorde.

Silence, joyeux luth, et viole et guimbarde :
Tendons sur le cercueil la plus macabre corde

Pour accompagner l’hymne éructé par le barde :
Le ciel veut l’oraison funèbre pour exorde.

L’encens vainc le fumet des ortolans que barde
La maritorne, enfant butorde non moins qu’orde.

Aux barrières du Louvre elle dormait, la garde :
Les palais sont de grands ports où la nuit aborde ;

Corse, kamoulcke, kurde, iroquoise et lombarde
Le catafalque est ceint de la jobarde horde.

Sa veille n’eût point fait camuse la camarde :
Il faut qu’un rictus torde et qu’une bouche morde.

La lame ou la dent tranche autant que le plomb arde :
Poudre aux moineaux, canons place de la Concorde.

Arme blême, le dail ne craint point l’espingarde :
Tonne, signal de deuil ; vibre, macabre corde.

Les Suisses du pavé heurtent la hallebarde :
Seigneur, prends le défunt en ta miséricorde.


LE CHAÎNIER

En veste rouge de bourreau,
De Paris jusqu’à Montcreau
Il a posé la chaîne neuve
Au fond de tout le lit du fleuve