Page:La Revue de l'art ancien et moderne, Tome XXXI, Jan à Juin 1912.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la « Royal Academy ». Il y envoya, en 1844, sa Vierge à la vigne, inscrite an catalogne sons le no 303, et sous le titre : the Holy Family ; en 1847 Napoléon abdiquant à Fontainebleau le 31 mai 1814, dont l’original est au musée de Leipzig et dont la réplique (celle, probablement, de la Royal Academy) fut acquise par M. John Naylor et gravé par François. À l’exposition de 1850 figura le Cromwell ouvrant le cercueil de Charles Ier, du Salon de 1831 ou 1833, qui se trouve actuellement à Nîmes.

Il semble que la Vierge à la vigne suscita peu d’enthousiasme chez les académiciens anglais. Elle émut en revanche les critiques et le public. La sensation produite fut profonde, exagérée même, à ce qu’il nous paraît aujourd’hui, et les Français de Londres contribuèrent largement à la popularité dont fut l’objet leur compatriote, si vivement attaqué dans son pays. L’Art Union, la seule revue d’art qui existât alors en Angleterre et qui jouissait d’une autorité considérable, fit à cet toile un accueil enthousiaste. Il est curieux de relire l’article de cette revue, écrite à une époque où les idées d’art n’avaient pas encore pris en Angleterre le développement qu’elles ont atteint depuis lors, où Shee présidait la « Royal Academy », dont Turner, Etty et Landseer étaient les principaux peintres.

Voici en quels termes, textuellement traduits, Samuel Carter-Hall appréciait l’œuvre de Paul Delaroche : « Comme composition, sentiment plastique et perfection technique, cette œuvre égale les plus célèbres œuvres des écoles d’autrefois. La Vierge est debout, portant l’Enfant dans ses bras : sur un tertre, derrière elle, est couché saint Joseph, dont la tête rappelle celle du même personnage, différemment posé, dans une petite Sainte Famille du Titien, qui est à Florence.

Quoi qu’on en dise, en peignant un pareil sujet, M. Delaroche n’a pas en vain provoqué les comparaisons que le tableau ne pouvait manquer d’appeler. N’aurait-il jamais peint autre chose, que ce tableau magnifique le classerait d’emblée au nombre des plus grands peintres religieux… En contemplant cet inimitable ouvrage, exquis de tendresse, nous évoquons aussitôt, non pas les nombreux tableaux inspirés par le même thème, mais ceux-là précisément que rappelle son aspect. Jusqu’à un certain point, ce tableau nous reporte, non pas à Raphaël, mais à ses maîtres — si l’on peut dire, — à ceux dont l’étude lui acquit la richesse et la noblesse du style, comme Masaccio, et ceux qui peignirent l’âme