Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
LA REVUE DU MOIS

ne s’observent guère quand la réunion de diverses substances ne fournit qu’un simple mélange. C’est donc lors des réactions chimiques que des variations de masse pourraient paraître le moins invraisemblables, c’est là qu’il a semblé indiqué de les chercher, mais on est resté longtemps sans le faire, tant on pensait que cette recherche serait vaine.

On peut, il est vrai, citer de nombreux cas où l’on a pesé et les composants et les composés ; Stas, par exemple, ayant pesé des masses d’iode et d’argent capables de s’unir, a pesé également l’iodure d’argent résultant de leur union ; mais ce n’est pas qu’il mit en doute la loi dite de Lavoisier, au contraire, la tenant pour rigoureusement exacte, il en déduisait le moyen de contrôler l’exactitude de ses mesures. On sait que le poids de son iodure d’argent, au lieu d’égaler 179gr,135 fut inférieur à ce total de 0gr,028 ; c’est là une différence bien faible eu égard aux causes d’erreur inévitables et la détermination de Stas fut considérée comme près d’être parfaite.

Récemment, toutefois, plusieurs expérimentateurs se sont préoccupés de voir si, lors d’une réaction chimique, on ne pouvait observer des variations de poids. Ils enferment dans un vase de verre, que l’on scelle ensuite au chalumeau, les deux substances actives, en s’arrangeant de manière qu’elles ne soient pas en contact. On utilise par exemple un tube de verre ayant la forme d’un U, mais disposé de façon que sa courbure soit placée en haut ; dans l’une des branches se trouve la première substance, la deuxième étant dans l’autre ; on porte à la balance et on équilibre avec un appareil identique au premier ; on retourne alors un des deux appareils, la réaction s’y met en marche, quand elle est terminée on observe habituellement que l’équilibre n’a pas persisté et l’on voit ce qu’il faut faire pour le rétablir. Le renversement du deuxième tube en U permet de répéter immédiatement l’expérience.

Le point délicat est de savoir quelle précision on peut attendre de telles mesures ; ceux qui les ont entreprises ne sont point des débutants capables de laisser échapper de grosses erreurs, ils ont pris des précautions minutieuses et ont contrôlé leurs essais avec soin. Les conclusions ont été variées. Si Kreighauer (1891), Sanford et Ray (1897), Kahlbaum (1903), Lo Surdo (1904) n’ont observé que des variations imputables aux imperfections des appareils et des procédés mis en œuvre, il en a été tout autrement pour Heydweiller (1901), et pour Landolt (1893-1906).

Voici les conclusions auxquelles est arrivé ce dernier :

1° Si on fait une expérience à blanc, c’est-à-dire en opérant comme il a été dit, mais en n’ayant placé dans les deux branches du tube en U que des substances n’agissant pas chimiquement les unes sur les