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Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/233

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LA REVUE DU MOIS

Bref, si l’on veut sortir des méthodes hasardeuses et conjecturales, il semble que l’on ne peut fonder la théorie des mouvements du poisson que sur l’étude rationnelle et intégrale de l’océanographie.

La thèse que nous résumons ainsi, et que nous voulons discuter, inspire une entreprise internationale qui groupe actuellement en un effort commun et sur un seul programme toutes les nations du nord de l’Europe, la France exceptée.

Depuis 1902 ces nations ont institué des laboratoires, armé des navires scientifiques qui poursuivent par des observations identiques et des croisières simultanées une vaste étude dont le programme tient dans les lignes suivantes

« Étudier le système des courants de l’Atlantique du Nord et des changements qui s’y présentent en différentes saisons, d’où dépendent les variations du plankton ou aliment des poissons, qui est suspendu dans l’eau, aussi bien que l’apparition et la disparition des poissons voyageurs dans les susdits territoires marins. Étudier la température et la quantité de chaleur qui se trouvent dans les couches d’eau en différentes saisons dont dépendent les climats et le temps dans les pays baignés par la mer du Nord ainsi que dans tout le nord de l’Europe surtout en hiver et en été[1]. »

Ainsi se trouve posée, dès le seuil de l’entente internationale, cette affirmation que les fins de l’océanographie sont doubles, qu’elles embrassent d’une part la théorie des climats et la prévision du temps, d’autre part les lois du développement et de la répartition du plankton avec la théorie des migrations du poisson. Les promoteurs du programme international ont insisté tout spécialement sur cette seconde partie qui devait séduire les peuples utilitaires et justifier pour eux les lourdes dépenses que ces études impliquent. Dans le même but sans doute on y a joint un programme biologique assez peu précis, et que chaque nation poursuit à sa guise dans la direction où elle est sollicitée par la nature et les intérêts de sa propre pêche. Nous n’examinerons pas ici ces recherches biologiques, car nous

  1. Projet de programme annexé à l’invitation du gouvernement de la Suède, en vue d’une coopération internationale pour l’exploration de la mer glaciale, de la mer du Nord et de la Baltique dans l’intérêt des pêcheries.