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Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/242

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L’OCÉANOGRAPHIE ET LES PÊCHES MARITIMES

lourdes à sa gauche ; la réciproque sera fréquemment instructive.

Méthode biologique. — Pendant que mathématiciens et physiciens rivalisent d’ardeur, les naturalistes qui doivent finalement bénéficier de ces efforts, ne peuvent demeurer inactifs. Les chiffres bruts et les mesures directes qui sont les matériaux du travail hydrographique sont déjà, on l’a dit, les facteurs du tableau biologique. Ainsi dès qu’une masse d’eau est à peu près définie le biologiste peut en cataloguer la faune et la flore ; il peut chercher dans les circonstances physiques désormais connues l’explication des groupements qu’il observe. Mais plus souvent il a dû renverser les termes du problème car ses recherches allaient plus vite que l’hydrographie ; en explorant la faune et la flore de l’océan il a pu délimiter, pour leur uniformité biologique des provinces qui sans doute sont en même temps des individualités océanographiques. C’est donc le biologiste qui va guider maintenant l’hydrographe ; il va distribuer l’océan en provinces faunistiques comme il l’a fait déjà pour les continents et les eaux littorales.

Toutefois la hiérarchie se modifie quelque peu, et les animaux supérieurs passent au second plan quand il s’agit de caractériser les étendues océaniques. Sans doute il est intéressant de noter l’arrivée à l’automne dans le Skagerrak du Pilema octopus et du Loligo forbesi, méduse et céphalopode d’origine méridionale, et la présence au printemps du Clione limacina et du Calanus hyperboreus, mollusque et crustacé venus des eaux arctiques mais de pareils documents sont exceptionnels. Nous aurons des renseignements plus abondants, plus réguliers, plus suivis en étudiant ces êtres microscopiques ou très petits qui forment le plankton.

Dans la partie centrale de la mer du Nord, par exemple, on rencontre presque en tout temps un plankton très riche en crustacés inférieurs et surtout en infusoires cilio-flagellés (Ceratium et Peridinhan) très pauvre au contraire en diatomées ; on l’a nommé Triposplankton à cause de l’abondance du Ceratium tripos et de ses variétés.

Vers l’est nous retrouverons ce même plankton jusque dans le Skagerrak où il caractérise les eaux de la mer du Nord dans