Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
39
L’APPARITION DE LA VIE SUR LE GLOBE

période Silurienne, où ils comptent environ 75 genres et plus de 900 espèces. Les Trilobites représentent un groupe à part, très distinct de tous les autres ordres de Crustacés actuels, à l’exception de l’ordre des Mérostomes, dont un seul genre, la Limule, existe encore dans nos mers actuelles. Le groupe des Mérostomes est aussi de date très ancienne : des formes de grande taille, réunies sous le nom de Gigantostracés vivaient à côté des Trilobites, dans les mers siluriennes ; nous aurons également à revenir sur ce groupe à propos des premiers débuts de la vie.

Mais la faune silurienne marine n’est pas réduite aux seuls Invertébrés ; déjà les Vertébrés inférieurs au moins, les Poissons, étaient apparus et se montrent simultanément sous trois types distincts et nettement différenciés : les Sélaciens ou Poissons cartilagineux, carnassiers analogues à nos Requins, les Ganoïdes à écailles émaillées rappelant le Polyptère actuel du Nil et enfin les Placodermes ou Poissons cuirassés, si remarquables par leur élégante carapace de grandes plaques osseuses qui protégeaient la tête et la partie antérieure du tronc. Les Vertébrés supérieurs, Amphibiens, Reptiles, Oiseaux et Mammifères sont encores inconnus à cette époque.

Mais ce tableau de la vie silurienne serait incomplet si nous ne faisions mention du fait si important de l’apparition première des êtres à respiration aérienne ; dans l’état actuel de nos connaissances, les Arachnides du groupe des Scorpions sont seuls à nous indiquer la prise de possession des continents siluriens par des animaux terrestres à respiration trachéenne, issus vraisemblablement d’ancêtres marins.

Ainsi le monde silurien se présente à nous comme un monde très complexe, très riche et en même temps très évolué, puisque nous y trouvons des êtres aussi compliqués et aussi parfaits que le sont des Céphalopodes, des Crustacés et des Poissons. Ces animaux avaient de toute évidence des ancêtres il fallut aller en Bohême pour les découvrir.

Prague est une grande et belle cité, gracieusement assise sur les deux rives de la Moldau, dans une région schisteuse au sol un peu ingrat et stérile, qui ne manque pas d’analogie avec