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Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/48

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L’APPARITION DE LA VIE SUR LE GLOBE

époque, dont la texture amorphe demeure alors tout à fait semblable à celle des sédiments primaires les plus normaux. Aussi n’a-t-on pas tardé à y observer de divers côtés des traces plus ou moins nettes de la vie : ce furent d’abord des pistes ou des perforations d’animaux problématiques signalées dans les grès des Highlands d’Écosse et retrouvées par M. Lebesconte dans les schistes des environs de Rennes. Dans le même massif breton, un autre savant français, M. Cayeux, étudiant des coupes minces pratiquées dans certains schistes charbonneux précambriens, pense pouvoir reconnaître dans ces préparations d’élégantes sphérules treillissées, identiques aux coquilles siliceuses de certains Radiolaires actuels. Il y décrit en outre des traces, un peu moins nettes il est vrai, de coquilles de Foraminifères et de spicules d’Éponges siliceuses. Bien que l’authenticité de ces organismes ait donné lieu à quelques contestations, on ne pouvait s’empêcher d’être frappé au moins du fait que la simplicité d’organisation de ces animaux précambriens, qui appartiennent aux groupes les plus inférieurs des Invertébrés, correspondait assez bien avec l’idée a priori que l’on devait se faire d’une faune réellement primitive ; la faune précambrienne de Bretagne possédait bien les caractères les plus vraisemblables d’un monde animal encore bien près de ses origines. Il a fallu bientôt renoncer une fois de plus à cette manière de voir simpliste.

L’exploration méthodique par les géologues américains des terrains anciens du Canada et des Montagnes Rocheuses nous réservait en effet des surprises tout à fait inattendues. Au Canada et à Terre-Neuve, on retrouve d’abord, grâce aux recherches de M. Mathew, les mêmes pistes de Vers arénicoles ou d’autres animaux problématiques que nous connaissions déjà en Écosse et en Armorique ; il fallait y joindre, il est vrai, les traces un peu confuses d’une coquille de Mollusque. Mais l’intérêt de toutes ces constatations disparaît presque devant les étonnantes révélations que devait nous fournir la célèbre contrée des canyons de l’ouest américain.

Peu de contrées du globe sont d’un intérêt plus saisissant pour le naturaliste que les grands plateaux dénudés et stériles, qui dans les États du Montana, de l’Utah, de Wyoming et du