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Page:La Revue du Mois, tome 2, 1906.djvu/5

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NOTES BIBLIOGRAPHIQUES


Le Bilan d’un siècle, t. I, par Alfred Picard.

Ce volume contient surtout un tableau d’ensemble des progrès accomplis au courant du xixe siècle dans la science pure, dans les lettres et les arts. Il aurait été assurément impossible à un seul homme d’écrire un tel livre s’il n’avait pas eu à sa disposition l’amas considérable de matériaux, de documents, de rapports qui ont été réunis à l’occasion de l’exposition de 1900. Même avec ces instruments de travail, la tâche ne laissait pas d’être singulièrement difficile il fallait, pour la mener à bonne fin, une intelligence largement compréhensive, sachant s’élever à des vues d’ensemble au-dessus de la masse des faits particuliers. Et sans doute les spécialistes pourront, ici ou là, présenter des observations de détail ; mais ce n’est pas pour eux que ce livre est écrit ; il s’adresse au grand public et il est admirablement adapté à son but, que l’éminent commissaire général de l’Exposition de 1900 indique dans sa Préface, sous une forme si élevée : « La perception d’une marche incessante en avant, d’un effort continu de l’humanité, chasse le découragement et provoque un puissant réconfort. Elle console la vieillesse, ranime la vaillance de l’âge mûr, inculque à la jeunesse la foi et l’émulation. »

La Lutte universelle, par Félix Le Dantec.

La stérilisante admiration des harmonies naturelles a trop souvent servi de canevas aux œuvres des naturalistes pour qu’on ne sache pas gré à M. Le Dantec de tenter l’emploi d’un langage qui présente comme des luttes non seulement les maladies, mais encore les faits normaux de la vie et même des phénomènes physico-chimiques. Les lecteurs de la Revue ont eu la primeur d’un des plus intéressants chapitres de ce livre ; on retrouvera dans d’autres, comme celui où est contée l’histoire de la tuberculose, toute l’ingéniosité des vues et tout le talent habituel de l’auteur.

L’Entravé, par Louis de Romeuf.

M. de Romeuf subit étrangement, et peut-être inconsciemment l’influence de Gabriele d’Annunzio ; avant de pouvoir la juger, il est à souhaiter que sa personnalité se dégage. Le sujet de l’Entrave : l’influence d’une hérédité morbide, est tout à la fois bizarre et banal ; le style descriptif et fougueux est parfois lyrique, mais peu original. Une préoccupation d’étrangeté domine tout le livre et, en de certaines pages, confine à l’absurdité.

La Physique moderne ; son évolution, par Lucien Poincaré.

Les découvertes expérimentales et les conceptions théoriques nouvelles ont été très nombreuses dans le cours des vingt dernières années et ceux qui ne sont pas physiciens de métier ont beaucoup de peine à se tenir au courant de la marche générale des idées. Aussi doit-on savoir beaucoup de gré à M. Lucien Poincaré d’avoir écrit cet excellent livre, qui réduit au minimum l’effort nécessaire pour rester, en ce qui concerne la physique, un esprit cultivé. On ne peut que se féliciter, pour notre enseignement secondaire, de voir un inspecteur général donner ainsi le bon exemple en ne se contentant pas de connaître la science d’avant-hier, mais en étudiant d’une manière approfondie celle de demain.

Étude industrielle des alliages métalliques, par Léon Guillet.

On sait combien sont grands les progrès accomplis depuis quelques années dans l’étude des métaux et de leurs alliages, grâce à l’emploi des méthodes de la chimie physique d’une part, et de l’examen micrographique d’autre part. M. Guillet qui s’est spécialisé dans cette direction, a pensé que le moment était venu de mettre à profit les résultats obtenus par les théoriciens et qu’un intermédiaire pouvait être utile entre ceux-ci et les industriels.

Il pense que dans la fabrication des alliages métalliques, aux anciennes recettes culinaires peut dès maintenant succéder la méthode scientifique dans laquelle est défini le rôle de chaque constituant au point de vue de la constitution et des propriétés.

Pour justifier cette opinion il vient de réunir en un gros volume de plus de onze cents pages les travaux publiés sur la question il s’efforce d’en dégager le lien encore obscur entre la constitution et les propriétés des alliages. Il semble cependant que dans un aussi gros ouvrage un exposé rapide des théories générales aurait augmenté beaucoup la clarté, et épargné au lecteur la peine de recourir à d’autres sources.

Il n’y a qu’à louer, en revanche, le très bel atlas où quatre cents reproductions de micrographies permettent de suivre, sur la constitution physique des alliages, l’influence de la composition chimique et du traitement mécanique ou thermique.