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LA REVUE DU MOIS

nature du système saturnien ; mais on leur doit d’importantes observations, tout comme à Gassendi, Eustache de Divinis[1], Hévélius, Riccioli[2]

Et, maintenant, quelles étaient les explications plausibles de ces phénomènes ?

Galilée crut à trois corps… ou à des illusions d’optique ; Riccioli imagine que Saturne est entouré d’une armille mince, plane, elliptique, adhérente en deux points à la planète, qui tournera avec elle pour cesser d’être visible en se profilant sur Saturne — hypothèse analogue à celle d’Hévélius ; Hodierna[3] suppose que Saturne est ovoïde et que deux énormes taches, par la rotation, peuvent venir l’obscurcir sur les bords (?) ; Roberval attribue la présence de l’appendice de Saturne à des vapeurs plus ou moins denses s’échappant, sous l’action du soleil, de la zone torride de la planète, et admet que ces nuages émanés de l’équateur restent suspendus à une certaine distance de Saturne — ils devraient par suite se présenter sous la forme générale d’un cercle qui s’offrirait à nous avec une apparence elliptique, « Roberval, dit Delambre, n’avait fait que la moitié du chemin ; observant peu, il ne put compléter son explication[4] ».

Dès le 6 juillet 1656, dans une longue lettre à Huygens, G. P. de Roberval dit, notamment :

J’ai aussi pensé une hypothèse qui me satisfait fort bien, touchant les diverses faces du même Saturne, quoiqu’en conséquence de votre lune (Titan), il doive se mouvoir sur son centre en moins de 24 de nos heures ; mais, comme je ne fais point de secret, je l’ai communi-

    28 novembre 1574 et mourut à Zurich le 9 février 1653. Depuis 1633 il était pasteur à Zollikon (Zurich) ; il publia divers ouvrages astronomiques, connus d’Huygens qui cite son nom dans sa correspondance.

  1. Eustachio Divini (de Divinis), naquit à San Severino vers 1620, et habita Rome, où il vivait encore en 1663. Émule de Campani, il excellait à faire des télescopes. En 1660 on le trouve en polémique avec Huygens.
  2. Giovanni Battista Riccioli naquit à Ferrare le 17 avril 1598 et mourut à Bologne le 25 juin 1671. Jésuite depuis 1614, il professa les Belles-Lettres, la philosophie et la Théologie à Parme et à Bologne. Puis il se versa à l’Astronomie.
  3. Giovanni Battista Hodierna (quelquefois = Odierna = Adierna) naquit le 15 avril 1597 à Ragusa et mourut le 6 avril 1660 a Palerme. Il était archiprêtre à Palerme, mathématicien du duc de Palma, et s’adonnait aux sciences physiques et naturelles. Il observa en 1652 les satellites de Jupiter, fit usage du prisme, et l’on prétend qu’il connut le spectre solaire. Il découvrit les fonctions de la reine-abeille et analysa l’œil de la mouche.
  4. Un des ouvrages les plus intéressants qui ait été écrit sur cette époque, et qui nous fait connaître quelques pièces importantes conservées à la Bibliothèque Nationale de Paris, a pour titre : Henry — Huygens et Roberval.