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LA REVUE DU MOIS

gloire en débitant ma nouvelle observation dans vos illustres assemblées et la communiquant à M. de Montmor de qui vous m’avez appris à connaître le mérite, mais aussi de ce que vous êtes cause que l’on ne m’ait pas prévenu dans la publication de cette nouvelle découverte. Car après que j’en eus envoyé des exemplaires en Angleterre, l’on m’a fait entendre que presque en même temps, l’on avait remarqué la même étoile en ce pays là, et que sa période était de seize jours. Mais leur industrie qui autrement aurait pu obscurcir la mienne, ne sert à cette heure qu’à prouver que ma relation est véritable. Je l’avais aussi fait savoir à M. Hévélius qui a eu de la peine à le croire n’ayant pas d’assez bonnes lunettes pour en être rendu témoin oculaire.

D’ailleurs, notamment dans une lettre du 22 juin 1656, Hévélius le complimente sur ses déterminations du satellite de Saturne et, le 12 juin, un correspondant inconnu écrit à J. Chapelain :

Je sais de bonne part qu’il s’en est tout à fait expliqué (du système de Saturne) au seigneur Fontana particulièrement sur le sujet de la nouvelle lune savoir si son mouvement est ou n’est pas perpétuel et qu’il ne lui disait rien qu’il n’assurait être conforme à ce qu’en tenaient Galilée et Hévélius lesquels il protestait être très fermes et très éclairés dans l’intelligence du Monde Saturnien ne reconnaissant aucun principe de mouvement que celui qui était dans le Soleil lequel s’est manifesté et fait sentir en cent mille façons parmi les Éléments.

La question n’est pas encore entièrement élucidée et de Roberval écrit à Huygens le 6 juillet 1656 :

J’ai montré à plusieurs votre écrit touchant la lune de Saturne mais j’ai fait bien plus, car je l’ai publié en vous nommant, dans la chaire royale, en grand auditoire de doctes attirés pour entendre l’opinion d’Aristarque, que j’expliquais publiquement : je n’en ai pourtant parlé que comme d’une observation qui s’éclaircirait avec le temps, et qui méritait bien de suspendre son jugement jusqu’à ce qu’elle fut entièrement confirmée.

Mais de Roberval ignorait, il est vrai, la confirmation des observateurs anglais en ce qui concerne Titan et, pour préciser, Huygens lui mande le 20 juillet :

Je tiens à beaucoup d’honneur que vous avez voulu faire connaître mon nom à une assemblée si illustre, qu’a été votre auditoire. Quant à la vérité de ma relation touchant la lune de Saturne, j’espère que dorénavant vous ne l’aurez plus pour suspecte puisque ce n’est plus