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LA REVUE DU MOIS

la considérer comme destinée à effectuer la synthèse des notions acquises dans les autres classes, travail auquel les élèves se trouveraient tout préparés ; les faits ne les étonneraient plus ; on ne ferait que coordonner les idées générales qui en découlent. Il est bien clair d’autre part qu’on ne peut laisser de côté la physiologie, quelques notions d’histologie nécessaires à cette dernière, et que la méthode du plein air ne saurait plus désormais s’appliquer ; car nous abordons alors le domaine expérimental des sciences naturelles ; ici donc l’enseignement ne saurait être sensiblement modifié, d’autant qu’un examen attend les élèves à la fin des classes et que la nécessité d’un programme ne saurait, dans nos mœurs actuelles, être éludée.

Une autre objection qui pourrait être faite est d’ordre administratif : que deviendrait la discipline dans ces exercices ? Les tentatives timides qui ont été faites dans le sens où nous voudrions qu’on se dirigeât résolument n’ont rien de décourageant à cet égard ; et il semble bien à priori qu’il doive en être ainsi. Les excursions présenteront trop d’attrait, ne serait-ce que par la liberté relative qu’elles procureront, elles seront trop agréables, même pour les élèves les moins curieux, pour qu’elles dégénèrent normalement en désordre ; il est clair que là, comme entre les quatre murs d’une classe, les qualités du professeur interviendront pour maintenir la discipline ; il se pourra que certains soient moins attentivement écoutés que d’autres ce sont là des accidents inévitables, mais qui ne dépendent pas du système adopté. Je me rappelle avoir eu un professeur qui, bien qu’officiant dans une salle, ne s’apercevait pas que, pendant ses explications, il se livrait près de lui, d’interminables parties de cartes et, qu’à l’aide d’une lampe à alcool, il se confectionnait sous les tables un chocolat que nous trouvions délicieux. Je ne crois donc pas qu’il faille s’arrêter à cette peur du désordre les élèves seront évidemment plus libres, mais j’estime que moins leurs mouvements seront contraints moins ils songeront à se divertir aux dépens de leur maître, qui deviendra beaucoup plus facilement leur ami. Je ne veux d’ailleurs pas insister davantage sur l’organisation d’un système contre lequel je ne vois pas s’élever d’autre objection sérieuse ; les détails en seraient faci-