Page:La Revue hebdomadaire, Octobre 1908.djvu/226

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— Pouah ! dit Bouchon, en se raidissant sous le gros racloir de vulcanite pour ne rien perdre de son chatouillement. Si nous jouions poney pour poney, nous tomberions ces Archanges en une demi-heure. Mais on va en amener de frais et encore de frais, et puis encore après cela… vous comprenez.

— Qu’est-ce que cela fiche ? répliqua Polaris. Nous avons la première manche… Est-ce que je n’ai pas le jarret qui enfle ?

— Il a l’air un brin bouffi, déclara Bouchon. Vous devez avoir reçu plutôt un pain. Ne le laissez pas se raidir. On va avoir encore besoin de vous dans une demi-heure.

— Que pensez-vous du terrain ? demanda le Chat Maltais.

— Le terrain est comme votre fer, sauf aux endroits où l’on a mis trop d’eau, repartit Cendrillon. Alors, il devient glissant. Ne jouez pas au centre. Il y a là un marais. Je ne sais pas comment leurs quatre nouveaux vont se conduire, mais nous avons empêché la balle de rouler et les avons fait suer pour la peau. Qui est-ce qui sort ? Deux arabes et deux du pays ! Cela ne vaut rien. Comme c’est bon de se gargariser !

Cendrillon causait, le goulot d’une bouteille à soda recouverte de cuir entre les dents, tout en essayant de regarder par-dessus son garrot. Et cela lui donnait un petit air fort coquet.

— Qu’est-ce qui ne vaut rien ? demanda Aube Grise, en rétrécissant le ventre dans sa ventrière et en admirant ses épaules bien prises.

— Vous autres, arabes, ne pouvez galoper assez vite pour vous réchauffer… c’est ce que Cendrillon veut dire, déclara Polaris, en boitant pour montrer que son jarret demandait quelque attention. Est-ce que vous jouez « arrière », Aube Grise ?