J’ai le jarret presque aussi gros qu’une musette.
— Ne leur permettez pas même de voir la balle, si c’est possible. Maintenant, laissez-moi tranquille. Il me faut, avant le dernier quart, ramasser tout ce qui me reste de forces.
Il baissa la tête et laissa tous ses muscles se détendre. Shikast, Bambou et Qui-Êtes-Vous imitèrent son exemple.
— Il vaut mieux ne pas regarder le jeu, dit-il. Ce n’est pas nous qui jouons, et nous ne ferons que nous éreinter si nous devenons inquiets. Regardez à terre et imaginez-vous que c’est le moment de chasser les mouches.
Ils firent de leur mieux, mais le conseil était dur à suivre. Les sabots tambourinaient et les sticks babillaient d’un bout à l’autre du terrain, et les hurlements d’enthousiasme des troupes anglaises disaient que les Archanges étaient en train de serrer de près les Skidars. Les soldats indigènes, derrière les poneys, grognaient et grommelaient, se parlaient tout bas à eux-mêmes, et voici qu’on entendit une acclamation prolongée suivie du retentissement des hurrahs !
— Un pour les Archanges, dit Shikast sans lever la tête. L’heure approche. Oh ! ma mère !
— Faiz-Ullah, dit le Chat Maltais, si vous ne jouez pas jusqu’au dernier clou de vos fers, cette fois-ci, je vous gratifierai d’une ruade sur le terrain devant tous les autres poneys.
— Je ferai de mon mieux quand mon tour viendra, repartit d’un air crâne le petit arabe.
Les saïs se regardèrent gravement l’un l’autre en frictionnant les jambes de leurs poneys. C’était le moment où la question galette entrait en jeu, tout le monde le savait. Cendrillon et les autres revinrent la sueur ruisselant sur leurs sabots et leurs queues racontant de mélancoliques histoires.