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Page:La Revue hebdomadaire, Octobre 1908.djvu/236

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un homme ou quelques-uns de nos poneys… quelque chose, enfin.

— Vous êtes mille fois aimable, mais nous irons jusqu’au bout, je pense.

Le capitaine des Archanges ouvrit tout grands les yeux.

— Voilà qui n’est pas mal, dit-il.

Et il retourna à son camp, tandis que Lutyens empruntait une écharpe à l’un de ses officiers indigènes[1], et s’apprêtait à se mettre le bras en bandoulière. Alors, un Archange s’en vint au galop, porteur d’une grosse éponge à tub, et donna le conseil à Lutyens de se la placer sous l’aisselle afin de soulager l’épaule. À eux trois ils lui bandèrent le bras gauche selon toutes les règles de l’art, et l’un des officiers indigènes s’en vint d’un bond avec quatre longs verres qui fusaient et s’emplissaient de bulles.

Le team regarda Lutyens d’un air implorant, et Lutyens fit « oui » de la tête. C’était la dernière reprise, et rien, après cela, n’y changerait quoi que ce soit. Ils burent jusqu’au bout le breuvage d’or sombre, s’essuyèrent la moustache, et les choses prirent une apparence plus riante.

Le Chat Maltais avait passé son museau dans le devant de chemise de Lutyens, et essayait de dire combien il était fâché.

— Il devine, dit Lutyens, d’un ton d’orgueil. Le petit type devine. J’ai déjà joué avec lui sans bride… pour rire.

— Il ne s’agit pas de rire, pour le moment, déclara Powell. Mais nous n’avons pas un seul remplaçant convenable.

— Non, repartit Lutyens. C’est le dernier quart, et

  1. Les régiments indigènes de l’Inde comportent des officiers anglais en même temps que des officiers indigènes, mais les premiers ont toujours autorité sur les seconds.