Page:La Revue hebdomadaire, tome 39, 1895.djvu/798

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Mais, peu à peu, elle fut plus à l’aise et se mit à rire et à causer librement comme les autres. Elle était loin de s’apercevoir, cependant, que les jeunes gens, Max Lintzow spécialement, s’occupaient beaucoup d’elle, pas plus qu’elle ne remarquait les mots un peu aigres qui s’échangeaient entre eux à son sujet.

En quittant la plage, Else, pour abréger la route, prit un sentier à travers des fondrières, sans réfléchir que les dames de la ville ne savaient pas sauter les fossés comme elle, et Mlle Frédérique, gênée dans sa robe trop serrée, tomba dans une flaque d’eau. Elle appela du regard Lintzow à son secours.

— Mais, Henri, cria Max au jeune fils Hartwig, aide donc ta sœur !

Mlle Frédérique, sans mot dire, se releva toute seule, et la troupe continua son chemin.

Bientôt après, ils étaient de retour au presbytère, où l’on se mit à table dans les meilleures dispositions du monde. Mais, vers la fin du repas, quelqu’un ayant fait la remarque que, pour une partie de campagne, le menu n’était guère rustique, on réclama du lait caillé, et Else se leva aussitôt pour aller en chercher à la laiterie.

— Laissez-moi vous aider, mademoiselle, s’écria Max Lintzow, qui courut derrière elle.

— Voilà un jeune homme bien serviable, dit le pasteur.

— N’est-ce pas ? répondit le consul, et un vrai commerçant par-dessus le marché. Il a passé quelques années à l’étranger, et maintenant il est associé aux affaires de son père.

— Peut-être est-il un peu léger, dit doucement Mme Hartwig.

— Oh oui, certainement soupira Mlle Frédérique.

Max Lintzow avait suivi Else à la laiterie. Au fond, cela ne plaisait que médiocrement à la jeune fille, mais