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Page:La Rhétorique des putains, 1880.djvu/194

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ANGÉLIQUE

Oh ! oh ! vous êtes savante !

MARGUERITE

C’est que madame Marthe a daigné me donner quelques leçons.

ANGÉLIQUE

Êtes-vous bien discrète ?

MARGUERITE

Oh ! pour cela, madame, vous me faites tort de me le demander. Je suis fille, mais je sais parler et me taire à propos ; j’ai une langue, mais je sais la régler comme l’aiguille d’une horloge ; je l’avance, je la recule, je la fais sonner l’heure que je veux. J’ai des yeux, mais, au besoin, je ne vois point ; j’ai des oreilles, mais quand il le faut, je n’entends point.

ANGÉLIQUE

Ne vous fâchez pas, ma fille ; je suis vive parfois.

MARGUERITE

Parfois, et pas toujours ? Je n’ai pas prétendu venir servir une morte. Un temps toujours calme m’ennuie à la fin ; j’aime à voir des nuages ; j’aime à entendre le tonnerre, pourvu que la foudre ne tombe pas ; après le mauvais temps, la sérénité a plus de charmes.

ANGÉLIQUE

Ma fille, je crois que vous me deviendrez bien chère.